"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

9.12.23

Le syndrome du cordon

J'invente des pathologies si j'veux !

Force est de constater que ça ne m'est pas passé.

Quand mes enfants étaient scolarisés en maternelle et primaire, les autres parents (voire même les enseignants) s'amusaient de me voir trépigner à la sortie de l'école.

Ils avaient beau me rendre à moitié folle, surtout le mercredi (rebaptisé "le jour le plus long"), les jours de cours c'est toujours le cœur gonflé d'amour et avec hâte que j'attendais de les retrouver.

Quand ils sortaient, je les prenais dans mes bras, les embrassais comme du bon pain et nous rentrions ensemble à la maison.

J'avais besoin de pouvoir scruter leur visage et leur langage corporel pour m'assurer que leur journée s'était bien passée et qu'est-ce qu'on riait quand ils me racontaient leurs journées.

Et un jour, ils ont grandi.

Ils sont devenus trois adultes incroyablement formidables. Incroyablement, pour les autres, mais pas pour moi car j'ai toujours su quelles personnes formidables ils sont, avant même qu'ils n'aient eu l'occasion d'en faire la preuve.

Bien sûr, ils ont des défauts, c'est aussi pour leurs défauts que je les aime. J'ai toujours été, je suis et resterai à jamais leur première fan.

Aujourd'hui, ils vivent leurs vies d'adultes et, sauf Toutebelle qui est actuellement à la maison en recherche d'emploi, je ne les vois plus très souvent. Et pourtant, même à distance, ce lien reste très fort.

Ils ont la patience de ne pas s'agacer quand presque chaque jour je leur demande comment ils vont, s'ils ont bien mangé, s'ils n'ont pas trop froid...

Ils ont la gentillesse de sourire quand j'ai des inquiétudes pour eux de tout petits, alors qu'ils sont désormais bien plus grands et forts que moi.

Ils ont la tendresse d'accepter que je leur fasse des câlins et mille baisers quand nous nous voyons et que je leur envoie des petits mots d'amour.

Ils ont le tact de m'éconduire gentiment quand je réclame des visio pour pouvoir lire sur leur visage qu'ils vont bien.

Je les aime tant qu'ils me manquent jusque dans ma chair et parfois même il me semble ressentir comme une montée de lait fantôme.

Je les aime de façon animale, sans aucune raison, ni modération. 

Aussi, je prends sur moi pour ne pas les étouffer. Je ne leur dis pas toutes mes inquiétudes, je laisse des silences de temps en temps et je suis les recommandations de mon amoureux qui me somme de les laisser tranquilles, sinon je ne deviendrai jamais grand-mère.

Alors je les laisse tranquilles, mais ils me manquent très souvent.

On ne m'avait pas dit que ça ferait ça aussi d'être mère.



4.10.23

Et réaliser vos projets les plus chers

Je n'aime pas la notion de rêve, ça me semble toujours inatteignable.

J'aime plutôt penser "projet" qui te tient particulièrement à cœur et surtout planning et organisation pour le réaliser.

Le fait est que mes têtes multicolores, extrêmement blasées, ne sont plus surprises quand je leur annonce une grande nouvelle, un nouveau projet. Et plus c'est improbable, moins ils sont surpris.

Ils semblent considérer :

1- que je suis une sorcière avec des pouvoirs magiques 

2- la reine des emmerdeuses enquiquineuses, capable de faire craquer le Dalaï-Lama

3- un modèle de persévérance, admirable de pugnacité.

Mon amoureux vous dira que je suis un savant mélange des trois, mais qu'étant mal placé pour ce qui est de résister à mes assiduités, il se gardera bien de se moquer de mes nombreuses victimes.

En vérité, je crois que je suis naturellement immunisée contre les pensées limitantes et que j'ai à cœur de profiter pleinement de la vie qui m'est offerte. Je crois n'avoir jamais eu autant d'envies qu'à 49 ans.

Bref !  En ce moment j'ai du travail par dessus les piles de dossiers et je suis tellement fatiguée que je n'ai pas eu d'autre choix que faire la sieste pendant deux heures today, mais le moral est so good ! Je suis sur le point de réaliser un de mes projets de vie, mais en même temps ce n'est pas la construction du palais idéal du facteur cheval ou le paquebot de François Zanella, hein ! Je vous raconterai en temps voulu, mais ce qui est certain c'est qu'à partir de janvier 2024 je commencerai également l'écriture de mon nouveau roman.

Bon, et vous, où en êtes-vous de la liste de vos envies ?

25.9.23

Fifty-fifty

Samedi soir nous sommes allés au théâtre et avons passé une bonne soirée. Toutgrand et Toutebelle étaient des nôtres et ont beaucoup apprécié également.

Mon aïeule n'a eu de cesse de s'extasier sur cette grande première.

Le lendemain matin, elle s'éveilla à la première heure pour préparer le déjeuner dominical et alors que nous la remerciions pour le bon repas, nous eûmes droit à un "profitez-en tant que je peux encore le faire..." 

Le premier acte était lancé. 

Ensuite ce fut "c'est fou comme l'air est meilleur chez vous, l'herbe plus verte, le soleil plus brillant, etc"

Elle se tourna vers mon amoureux en lui disant," franchement, si je n'avais pas un rendez-vous médical, je serais restée plus longtemps."

Voyant que sa remarque ne provoquait pas de réaction, elle surenchérit "c'est vrai, A (ma niece) vit avec moi, mais comme elle travaille beaucoup, je ne la vois pas de toute la journée, alors je m'ennuie".

Je lui répondis que chez nous ce serait la même chose, en fait.

Alors elle mit des trémolos dans sa voix  "Oui, mais il n'y a que chez vous que j'aime dormir".

Alors je lui répondis qu'elle ne pouvait pas savoir, vu qu'elle n'essayait même pas chez mes sœurs et frère et que quand elle leur rendait visite elle ne se montrait pas assez aimable pour qu'ils aient envie de réitérer.

C'est le moment où elle se mit à bouder. 

J'enfonçais le clou en disant que je n'étais pas la meilleure des filles, comme elle le répétait depuis quatre jours, parce que je lui fais régulièrement des virements et organise un trajet 4 étoiles quand elle vient nous voir. Qu'il fallait arrêter avec son truc de la fille prodigue, que sa meilleure fille c'est assurément ma sœur N, qui a le mérite de s'occuper d'elle au quotidien, de s'assurer qu'elle ne manque de rien et de revenir la voir, bien que n'étant pas toujours bien reçue.

Re-bouderie.

Je lui dis que si elle voulait sortir de chez elle, faire des choses nouvelles et passer de bons moments, il lui suffisait de s'inscrire dans une association de personnes âgées de sa commune et/ou de répondre aux invitations de ses nombreux enfants et petits-enfants. Aussi, elle se tourna vers Toutgrand en lui demandant quand il l'inviterait chez lui, il esquiva habilement. 

Vexée, elle me dit que si je ne voulais pas qu'elle vienne nous voir je n'avais qu'à le dire. Elle décrocha son téléphone à table pour appeler une autre des mes nièces et nous montrer qu'elle était une bonne grand-mère qui s'intéressait à ses autres petits-enfants. Mais manifestement ma nièce ne l'invita pas à lui rendre visite. 

Elle termina le déjeuner en boudant et quand mon amoureux lui dit qu'elle serait la bienvenue pour le réveillon du nouvel an (que nous passerons en famille créative*), elle lui demanda si vraiment elle était invitée et qu'heureusement il était là sinon elle ne serait pas la bienvenue chez sa propre fille. Sourires amusés de mon amoureux et mes enfants. Fin de l'acte 4.

Elle se fit prier pour partir en balade digestive sous un beau soleil, mais finalement eut plaisir à se faire bichonner par son gendre.

Épuisée, elle dormit le reste de l'après midi, pendant que je raccompagnai Toutgrand et partis faire une longue balade au soleil avec mon amoureux.

Toutebelle eut droit à 2-3 scuds au sujet du fait qu'elle avait certainement plus d'argent qu'elle**et pourrait lui offrir un nouveau téléphone. Ma patiente fille lui fit remarquer qu'elle était en formation et ne travaillait pas, mais qu'elle allait lui montrer comment optimiser la mémoire de son téléphone pour pouvoir l'utiliser encore quelques jours.

Bref ! Nous nous préparons des soirées sympas, jusqu'au moment où nous la raccompagnerons en gare et qu'elle nous offrira un nouvel explicit en montant dans la voiture.

La dernière fois ce fut "bonjour solitude...".

Depuis, dans la famille en douce, on l'appelle Sarah Bernhardt.


* je trouve ça plus joli que famille recomposée
**Elle adore qu'on lui fasse des cadeaux, n'hésite pas à en réclamer et va ensuite s'en vanter auprès de tout le reste de la famille, en mode compétition. 

22.9.23

Des rires et de la douceur ou presque

Un an plus tard, force est de constater que mon aïeule est dans de bien meilleures dispositions. Aussi, nous avons organisé sa venue avec joie, elle est arrivée avec le sourire, elle se montre aimable et nous rions beaucoup. Elle n'en fait pas des tonnes (en même temps je travaille toute la journée, on verra ce week-end) et nous apprécions les moments passés ensemble, conscients "qu'elle a plus de passé que d'avenir" et que la fabrique de bons souvenirs, c'est maintenant. Aussi, nous avons à cœur de lui offrir plein de premières. 

Ce week-end, samedi soir première pièce de théâtre et dimanche premier vide-grenier... Vu le caractère de la dame, les négociations s'annoncent musclées ! Je compterai les victimes et vous raconterai la semaine prochaine. 

Faire le vide

Pour certains c'est vertigineux de se débarrasser, mais c'est pourtant tout ce qu'il reste à faire quand on a trop accumulé.

Chineuse, brocanteuse, recycleuse, récupèreuse, boncoineuse... Je ne résistais pas à ce qui me semblait beau ou utile, seulement nous avons désormais une immense pièce pleine de choses belles et utiles que nous ne voyons plus et que nous n'utilisons pas.

Aussi, j'ai décidé de faire un vide-grenier dimanche dernier avec Toutebelle et copine C.

J'ai ainsi confirmé le plaisir que j'ai à permettre une seconde vie aux objets, mon bon goût légendaire (vu que ma robe longue de soirée noire avec des paillettes violettes est partie parmi les premières et sans négociation siouplé, alors que ma descendance la trouvait monstrueusement moche et qu'elle a fait le bonheur d'une jeune femme plus jeune qu'eux : cheh !), ma bonne connaissance des objets les plus recherchés (merci "Affaire conclue" ) et mon talent de marchande (qui a dit poissonnière ? J'ai entendu, hein !).

Je suis trop contente, aussi je vais m'inscrire à un autre vide-grenier et vendre sur le good coin, pour nous desencombrer au fur et à mesure. Les sous serviront à financer en partie ma fiesta des 50 ans l'an prochain.

Le plus amusant c'est que mon bûcheron, qui râlait du fait que je gardais trop d'affaires et disait ne pas vouloir être associé à ce "bazardage nécessaire", tourne autour de ce que je mets en vente et retire régulièrement quelques objets en disant "Mais j'aime bien ça, moi. Je trouve ça beau !". Je crois bien qu'il craint que je tombe dans l'excès inverse et qu'il ne nous reste plus rien d'autre qu'un mur de livres. 

On est pas rendus mes amis, j'vous l'dis. 


20.9.23

Je suis pour la peine de mort

Appliquée systématiquement aux personnes qui empruntent des livres à la bibliothèque et se permettent de souligner des passages au crayon à papier !!!!

Mads que c'est insupportable de lire un livre tout crayonné.

C'est bien simple, ça m'énerve tellement que je pourrais leur faire connaître le même sort qu'à l'épouse adultère de l'empereur dans "le dernier roi d'Ecosse"*.

Vous voilà prévenus si je vous choppe !

Sur ce, je reprends ma lecture et vous salue chaleureusement. 

*ce film m'a traumatisée et ce passage plus encore. Mads, que l'être humain peut être inhumain parfois.


24.7.23

La technique de la Joconde

Parce que c'est vous, je vais partager un de mes secrets pour préserver un tant soit peu ma bonne santé mentale.

Dans le cadre professionnel je suis dans une phase de transition et expérimente le fameux plafond de verre. 

Dans le cadre personnel, j'ai Toutebelle et Petitout à la maison pour l'été, ainsi que mon bûcheron, œuf corse.

La première est en mode vacances bien méritées (certes), ne comptez pas sur moi pour bouger le petit doigt, ou seulement sous la contrainte et en acceptant parfois, magnanime, de prendre part aux tâches ménagères, mais pas trop souvent, O ça va, j'suis pas votre esclave ! 

Le second en mode, stage d'été obligatoire bien physique et épuisant, après une année universitaire bien dense et studieuse, mais il faut bien que je sorte un peu le week-end pour voir les copains, parce que j'ai 20 ans faut bien que je profite de ma jeunesse et en même temps j'suis crevé, mais faut bien que je fasse du sport pour entretenir mon corps athlétique, alors j'veux bien faire la vaisselle une ou deux fois par semaine, mais je n'ai pas le temps. O ça va, j'suis pas votre esclave ! 

Le troisième en mode, j'suis crevé parce que je ne prends presque jamais des vacances ou pour faire de gros travaux et d'autres choses bien épuisantes et j'ai des journées de boulot bien remplies, mais le soir et le week-end faut bien que j'avance encore mes travaux, que je réponde aux très nombreuses invitations de mes amis et de ma famille, même si c'est loin, fatiguant et que je suis encore plus stressé que d'habitude, mais que je ne le reconnaîtrai jamais, car je suis un homme et un homme ça ne dit jamais que c'est fatigué et ça ne se plaint pas, mais ça peut râler et bouder toute la journée, tout en prétendant que tout va bien et vous me demandez en plus de laver des assiettes une fois par semaine. O ça va, j'suis pas votre esclave ! 

Alors, qui est au cœur du cyclone, à gérer les interactions familiales, les courses, les repas, la vaisselle, le ménage, l'organisation des déplacements, la préparation des prochaines rentrées et accessoirement un travail bien épuisant ? 

Aussi, quand c'est comme ça, plutôt que de laisser monter la tension et m'énerver, (comme ils semblent tous vouloir m'y pousser), j'affiche un léger sourire distant en permanence, ne réponds pas aux questions empruntes d'agressivité, parle le moins possible, tout en regardant au loin et en imaginant que M m'a prise dans ses bras et embrassée fougueusement, avant de m'emmener dans une kerterre au milieu d'une forêt enchantée, où il me chante des chansons écrites pour moi et où je lis des heures durant, confortablement installée dans un fauteuil douillet, tandis qu'un rayon de soleil rechauffe l'atmosphère délicieusement cosy de la pièce et que je peux admirer la magnifique nature par la fenêtre.

22.7.23

Le jour où il m'est presque tombé dans les bras

Quelques jours après avoir dit à mon amoureux que notre destin était désormais lié car je l'aimais irrémédiablement, j'ai tout de même tenu à le prévenir que si le petit-fils d'Andrée Chedid venait me chercher, c'est le seul homme avec lequel je partirais, sans me retourner. Mais c'était il y a quelques années. 

Il y a quelques jours, Toutebelle, mon bûcheron et moi assistions enthousiastes au concert de ce superbe artiste, quand, vers la fin, je me dis qu'il était bien dommage que je n'aie pu le voir de plus près, bien que nous soyons bien placés.

C'est le moment qu'il choisit pour descendre de scène, fendre la foule et monter les escaliers en se dirigeant droit vers moi... Le lieu était complet, mais j'étais la seule assise à cet endroit-là. Il s'est littéralement jeté dans mes bras. 

Ce fut si rapide et surprenant que j'ai complètement paniqué. J'étais extatique et mon amoureux, qui a failli se prendre un coup de guitare dans le visage, n'en peut plus du sourire radieux qui ne me quitte plus depuis. 

Bon, je l'ai rassuré sur le fait qu'il est et sera toujours mon amoureux et artiste préféré, mais, bizarrement, je sens bien que depuis ce soir-là il n'en est plus totalement convaincu.