J'invente des pathologies si j'veux !
Force est de constater que ça ne m'est pas passé.
Quand mes enfants étaient scolarisés en maternelle et primaire, les autres parents (voire même les enseignants) s'amusaient de me voir trépigner à la sortie de l'école.
Ils avaient beau me rendre à moitié folle, surtout le mercredi (rebaptisé "le jour le plus long"), les jours de cours c'est toujours le cœur gonflé d'amour et avec hâte que j'attendais de les retrouver.
Quand ils sortaient, je les prenais dans mes bras, les embrassais comme du bon pain et nous rentrions ensemble à la maison.
J'avais besoin de pouvoir scruter leur visage et leur langage corporel pour m'assurer que leur journée s'était bien passée et qu'est-ce qu'on riait quand ils me racontaient leurs journées.
Et un jour, ils ont grandi.
Ils sont devenus trois adultes incroyablement formidables. Incroyablement, pour les autres, mais pas pour moi car j'ai toujours su quelles personnes formidables ils sont, avant même qu'ils n'aient eu l'occasion d'en faire la preuve.
Bien sûr, ils ont des défauts, c'est aussi pour leurs défauts que je les aime. J'ai toujours été, je suis et resterai à jamais leur première fan.
Aujourd'hui, ils vivent leurs vies d'adultes et, sauf Toutebelle qui est actuellement à la maison en recherche d'emploi, je ne les vois plus très souvent. Et pourtant, même à distance, ce lien reste très fort.
Ils ont la patience de ne pas s'agacer quand presque chaque jour je leur demande comment ils vont, s'ils ont bien mangé, s'ils n'ont pas trop froid...
Ils ont la gentillesse de sourire quand j'ai des inquiétudes pour eux de tout petits, alors qu'ils sont désormais bien plus grands et forts que moi.
Ils ont la tendresse d'accepter que je leur fasse des câlins et mille baisers quand nous nous voyons et que je leur envoie des petits mots d'amour.
Ils ont le tact de m'éconduire gentiment quand je réclame des visio pour pouvoir lire sur leur visage qu'ils vont bien.
Je les aime tant qu'ils me manquent jusque dans ma chair et parfois même il me semble ressentir comme une montée de lait fantôme.
Je les aime de façon animale, sans aucune raison, ni modération.
Aussi, je prends sur moi pour ne pas les étouffer. Je ne leur dis pas toutes mes inquiétudes, je laisse des silences de temps en temps et je suis les recommandations de mon amoureux qui me somme de les laisser tranquilles, sinon je ne deviendrai jamais grand-mère.
Alors je les laisse tranquilles, mais ils me manquent très souvent.
On ne m'avait pas dit que ça ferait ça aussi d'être mère.