"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

17.6.25

Jeune

Je sais que je suis jeune parce que j'ai de nombreuses envies, une multitude de projets, j'aime apprendre et j'adore découvrir de nouvelles choses ;

Quand mon amoureux se dandine pour me faire rire, j'ai 15 ans ;

Quand je m'adresse à certains adultes, c'est à la part d'enfant en eux que j'ai envie de parler ;

Je n'ai jamais eu aucun intérêt pour les marques et le luxe, seuls la qualité des produits, des matières et la beauté intrinsèque m'intéressent ;

Je ne suis jamais la dernière à faire des roulades dans l'herbe, si je suis assurée de ne pas trouver de crotte de chien dans la descente ;

Mes enfants m'offrent des cadeaux qui brillent dans la nuit pour la fête des mères ;

Et mon chéri prend le temps de me les installer pour me faire plaisir, alors qu'il a eu une journée de travail épuisante ;

Je peux sourire pendant des heures en pensant à quelque chose qui m'a fait plaisir ou rire ;

Tous mes copains de plus de cinquante ans ont l'air jeunes car ils savent s'amuser de la vie ;

Parfois je boude, je me rends compte que je boude, mes proches me disent que je boude, mais je ne reconnais pas que je boude ;

J'ai une baguette magique avec une étoile multicolore que j'adore et je la planque quand nos voisins viennent nous rendre visite, pour ne pas que leur petite fille de 3 ans demande à l'avoir ;

Je peux faire des heures de voiture pour aller chercher cet objet qui une fois installé dans mon domicile me fera sourire chaque jour quand je poserai mes yeux dessus ;

J'adore les orages d'été et dès qu'il pleut mes enfants savent qu'ils vont me retrouver sous la pluie en train de chanter la pub tahiti douche ;

J'envoie des selfies à mon chéri pour lui donner envie de rentrer du travail pas trop tard ;

Et parfois même je fais une bouche de canard pour le faire rire ;

Je me promène tout le temps pieds nus ;

Je propose souvent à mon bûcheron de danser juste parce que j'en ai envie, avant ça le gênait, maintenant il dit tout le temps oui ;

Je suis jeune, mais assez vieille pour qu'on ne me fasse plus chier en me disant : "Mais ça ne se fait pas ! " ;

Parce qu'ils savent tous, que si je le veux vraiment, je le ferai.

Et quand je regarde mes grands enfants, qui eux sont vraiment jeunes, je ressens tellement d'amour et de fierté que je ne peux pas m'empêcher de sourire et ils râlent parce qu'ils pensent que je me moque d'eux et me traitent de "vraie gamine".

Jeune.

Vieille

Souvent on me dit que je ne fais pas mon âge, pour de simples raisons génétiques, mais je sais bien que je suis vieille :

Je ne suis plus aussi leste qu'avant pour faire des acrobaties ;

Je souris d'un air goguenard lorsque mes médecins, banquiers et conseillers en tous genres, qui ont l'âge de mes enfants, veulent me faire la leçon ;

Je suis surprise à chaque fois que j'apprends le décès d'une icône de mon enfance ;

J'ai des cheveux blancs sur la tête et pas que sur la tête*... ;

J'ai connu Yves Mourousi et Marie-Laure Augry ;

Je suis consternée par ce que les nouvelles technologies ont fait des sciences de la communication et de l'information ;

J'ai acheté un meuble en tissu pour ranger les téléphones portables quand nous rentrons à la maison, mais personne ne le fait jamais, même pas moi ;

Du coup, en arrivant nos visiteurs se demandent à quoi sert ce truc avec des poches à l'entrée de la maison et si nous faisons la quête ;

Je prie pour qu'un virus technologique fasse que l'on revienne à l'époque où nous ne pouvions communiquer qu'en nous déplaçant pour nous voir, par courrier, téléphone fixe ou télégramme pour les urgences ;

Je sais que je suis vieille et même si je voulais l'ignorer je ne le pourrais pas, mon plus jeune enfant se faisant un devoir de relever quotidiennement mon "état de délabrement"** ;

Je sais que le fond compte plus que la forme et qu'un poète peut se cacher sous la plume d'un dysorthographique et/ou dyslexique ;

Il n'empêche, je ne comprends pas la baisse manifeste du niveau de langue française***, notamment dans les échanges professionnels. Chaque jour je prends sur moi pour ne pas retourner les écrits que je reçois après avoir surligné toutes les erreurs d'orthographe et de syntaxe.

Vieille.


*sur la barbe aussi.

**et pourtant je sais qu'il est bien de moi, c'est le seul qui n'ait pas pu être échangé à la naissance, puisque sa toilette et les premiers soins ont été faits dans une pièce attenante à la salle d'accouchement. A travers la grande baie vitrée, j'ai pu assister à tout, jusqu'à la pose du bracelet de naissance et retour du de mon adorable bébé en pyjama dans mes bras pour la première tétée bio : processus ISO 2002 afin de garantir une parfaite traçabilité du nouveau-né.

***Je suis favorable au grand remplacement ! Je propose que ces fossoyeurs de la langue française soient déchus de leur nationalité française et qu'elle soit refilée aux étrangers qui ont le niveau de connaissance de la langue française requis.


10.6.25

Y a t'il un vétérinaire dans la salle ?

Je suis en recherche d'une aiguille hypodermique et de l'un de ces somnifères assez puissants pour endormir un éléphant*.

*Nos vacances approchent et mon Speedy Gonzalez d'amoureux s'agite déjà en pensant à tout ce que nous allons pouvoir faire, alors que je ne rêve que de lire allongée dans l'herbe** à l'abri d'un arbre : Aux grands maux, les grands moyens !

**En soufflant sur les fourmis qui me grimpent dessus et avec une bombe anti frelons à portée de main.

3.6.25

La copiteuse

Comme une certaine, moi aussi pour l'Ascensionlabiennommée c'était un week-end croque-love-doudou, mais avec mon bûcheron et dans le Nord Pas de Calais.

Faut dire que ça faisait quelques années que cette piscine me faisait de l'oeil de très loin, brillante de toute son artdécoserie.

Ni une, ni deux, je profitai de l'occasion pour :

1- programmer une halte dans la surprenante ville de Troyes ;

2- réaliser mon rêve de future lauréate du prix Sue Ellen (Daaaaaaaaaaaaaallaaaaaaaaaaaaaaaaaas ton univers impitoyaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaableeeeeeeeeeeeeeeeeuh*) ;

3- réserver un emplacement nu pour planter notre tente**.

Introduction

Je ne sais pas à quand remontait notre dernier week-end en amoureux, mais j'étais bien décidée à démontrer à mon jeune époux qu'il provoque toujours en moi des envies déraisonnables, que je suis toujours passionnée également par le patrimoine et l'architecture, que l'on peut être sexy en état d'ébriété et que je reste une femme simple qui accepte de tenter l'expérience inédite (pour moi) de dormir dans une tente, même si ça fait bien rire ma descendance qui m'appelle (dès que j'ai le dos tourné) "la princesse petit pois 24 carats".

I] Troyes "Honi soit qui mal y pense" 

J'avais été surprise que dame Bellzouzou me vante, il y a quelques années de cela, les mille trésors architecturaux de la ville de Troyes. Comme tout un chacun, mal informé et plein de préjugés, je croyais cette ville vouée au Dieu Shopping et condamnée à n'être la destination que des apôtres du consumérisme aveugle. 

Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa***, ô combien je me trompais. Mon bûcheron et moi nous sommes gavés de pans de bois et de colombages à chaque pas. Même les balais humains tenant la banderole du "parti des patr#iotes", sur la place principale de la ville, n'ont pas réussi à gâcher notre plaisir. C'était même assez réjouissant de voir, juste à côté, des passants se dandiner en écoutant l'excellent chanteur de reggae (délicieusement noir), sans prêter attention à leurs aryeneries.

Nous avons donc eu grand plaisir à découvrir cette patrimoniale et gourmande ville, que nous avons quittée non sans avoir auparavant acheté deux bouteilles de Prunelle à un sémillant caviste.

II] Et glou et glou et glou

Je n'aimais pas la bière avant de goûter la Goudale ambrée il y a cinq ans. Il fallait donc bien profiter de ce road trip dans les terres du Nord pour visiter la Brasserie de Saint Omer

Omer déception, ma bière préférée n'était pas proposée à la dégustation. Ce serait un coup de mon bûcheron, qui les aurait prévenus de mon arrivée et des risques de faillite qu'ils couraient vu que la dégustation est illimitée, que ça ne m'étonnerait pas. Je me suis donc montrée extrêmement raisonnable, même si pas tant que ça selon mon traître d'amoureux, vu ma joie excessive au moment de monter la tente dans le camping quelques heures plus tard.

III] A bas les sanitaires collectifs !

Car oui, j'ai réservé dans un camping. Ce qui a fait rire ma descendance pendant trois jours avant et trois jours après (mais visiblement ils ne parviennent pas à s'arrêter, alors ça va durer plus longtemps). 

Je ne crois pas être la femme la plus précieuse de la région Auvergne Rhône Alpes, néanmoins, je confesse un goût pour le confort et pour la beauté (mais pas pour le luxe indécent), qui s'est toujours traduit par peu d'inclination pour le camping en tente. 

Pour faire plaisir à mon bûcheron, qui aime autant l'élégance que la simplicité, j'ai donc réservé dans un camping un emplacement pour planter la tente que j'avais achetée il y a plusieurs mois en prévision de nos futurs bivouacs et grand bien me prit**** :  c'était SUPER !

Primo, la terre était meuble et notre tente était super rapide à monter, en 15 minutes c'était fait (et avec mon aide malgré mes 15 grammes d'alcool dans le sang). Secundo, j'ai adoré cette proximité, dans cette tente nous étions comme dans une bulle. Tertio, j'ai réussi à m'adapter à ce nouvel environnement et même à me doucher dans le préfabriqué vieillot et collectif du camping prévu à cet effet (mais après que mon bûcheron y soit passé et ait tout nettoyé avec le vinaigre d'alcool blanc que j'ai toujours dans le coffre de la voiture... Non mais oh, faut pas déconner quand même !).

Bon, je dois confesser que plutôt que le snack du camping nous avons préféré le très bon restaurant du coin pour dîner. Le restaurateur/cuisinier nous a très bien accueillis (ce qui m'a changé de la population locale peu ouverte à la diversité semble t'il), le repas y était aussi délicieux que les toilettes étaient impeccables et j'y ai pris toutes mes précautions pour la nuit avant de rentrer me coucher au camping. 

Conclusion

Le dernier jour nous avons visité le parc de Barbieux. Les Roubaisiens ne se mouchent pas du coude en matière de villas cossues et de cottages qui claquent. Ensuite, nous nous sommes rendus dans le plus beau musée de France. Et c'est les yeux plein d'étoiles et le vag#in pétillant que je suis rentrée à la maison, en me disant que même si ça faisait beaucoup de trajet pour si peu de temps, il faudrait remettre ça très bientôt*****.

* Hé hé, vous allez avoir la musique dans la tête pendant des heures...

** Pour une fois il ne s'agit pas d'une métaphore seskuelle, c'est le nom qu'ils leur donnent dans les campings.

*** J'ai fait grec au collège, mais je ne connais pas l'équivalent pour les hellénistes et me consume de honte à cet instant, avant de renaître de mes cendres tel le phénix. 

**** Là pas de contrepèterie, mais peut-être bien une métaphore seskuelle

***** Lysa, j'ai pensé à toi avant, pendant (sauf la nuit, heureusement pour toi) et après, mais si je t'avais proposé une rencontre alors que nous n'étions pas partis à deux depuis trop longtemps, mon jeune époux aurait fait la grève du seske pendant au moins trois jours et ça aurait été au dessus de mes forces. Début août j'envisage une virée dans la Somme, est-ce loin de chez toi, seras-tu disponible ?



3.5.25

Mon nouveau meilleur ami


 

Je me demande comment j'ai pu vivre si longtemps sans lui. Ma famille n'en peut déjà plus, mais c'est si bon avec les épices qui vont bien les tajines !

Enfin !

Je peux recommencer à lire.

En 2025 nous ne programmons absolument rien le week-end, ni même pendant nos périodes de vacances.

Seul un week-end en famille, la participation au mariage du neveu, la réception du clan des bucherons et un week-end en amoureux sont prévus.

Quand je dis que nous ne programmons rien, ça ne veut évidemment pas dire que nous ne faisons rien, vous avez parfaitement saisi que mon bucheron ne tient pas en place et que je ne sais pas vraiment ne rien faire moi non plus. Ce que je veux dire c'est que nous laissons beaucoup de place à l'improvisation et c'est très agréable.

J'obtiens désormais plus facilement des temps de sieste, je peux décider d'aller chiner* de me rendre à un vide grenier sans que ça vienne bouleverser un programme, téléphoner aux copines longuement ou, même encore mieux, prendre le temps de les voir.

Nous avons pu recommencer à écouter de la musique, regarder des films et discuter trankilou après nos journées bien remplies.

J'ai revendu le violon, je revendrai les pelotes de laine à l'automne et ne garderai que les tissus. Je me fous de ne pas être douée pour les activités manuelles ou musicales, mon truc à moi ce sont les saveurs, les parfums, les mots et les pensées.

Et, maintenant que je ne cours plus dans tous les sens tout le temps, comme une hyperactive sous ecstasy, je peux enfin prendre le temps d'écouter les bruits du monde. 

J'ai regardé la série "Kaboul" avec beaucoup d'émotion. Je sais que je serai désormais beaucoup plus attentive à ce qui se passe en Afghanistan. Pas besoin de regarder une série pour être touchée par ce qui se passe à Gaza, au Congo, en Asie, etc. Toutes ces populations qui souffrent m'émeuvent énormément, aussi, j'ai décidé d'œuvrer encore un peu plus à rendre la vie douce et aider à s'intégrer les personnes qui ont réussi à quitter ces enfers, quitté leurs vies d'avant et les terres qu'elles aimaient, réussi, de haute lutte, à venir trouver la sécurité dans notre pays.

C'est ma condition morale pour m'autoriser à savourer mes bonheurs quotidiens.

Merci à ma chère amie C, qui m'aide à me débarrasser de ma culpabilité en me permettant d'être réellement utile.

Merci à ma chère fille, qui m'a encouragée à retrouver le chemin de la spiritualité et toute la paix qu'elle me procure.

Merci à mes enfants si merveilleux, qui n'ont jamais été source de conflit.

Merci à mon tendre époux, qui s'apaise avec les années et rend ma vie plus douce.

Merci à tous les bénévoles qui sont en première ligne pour apporter soutien et aide aux personnes dans le besoin.

Merci à la vie, dont on aurait bien tort de ne pas profiter pleinement, surtout quand on a la chance de la vivre dans de si bonnes conditions.

* A la relecture je ne sais pas pourquoi mais le "N" s'effaçait systématiquement, aussi, je n'ai pas voulu vous laisser matière à distraction dans la lecture d'un texte d'une telle profondeur**

**Oui, j'me la pète !


29.3.25

Passer le témoin

Mon tendre et jeune époux est sans doute le plus grand hyperactif-non-diagnostiqué que la Terre ait porté ou plus simplement assurément "un fils d'agriculteurs". 

C'est bien simple, parfois l'observer s'agiter dans tous les sens pendant une heure suffit à m'épuiser, il ne sait pas se poser. Sa devise : "Si tu ne bouges plus, t'es foutu ! ". 

À force de temps et de patience j'ai réussi à lui faire comprendre que se reposer un peu ne s'apparente pas à de la fainéantise, mais répond à un besoin physiologique. 

Mes propres temps de repos s'obtiennent de haute lutte et s'apparentent à un sit-in devant faire l'objet à chaque fois de nouvelles revendications. Cependant, depuis peu il semble avoir intégré le fait que le dimanche après-midi, au moins, faut pas trop me faire chier. 

Cela dit, dans son esprit c'était entendable aussi longtemps qu'il pleuvait, mais avec le retour du soleil, il va me falloir expliquer pourquoi je n'ai pas envie d'aller gratter dans le jardin ou faire des balades/randonnées tous Le dimanches après-midi... J'en arrive à me réjouir des week-ends pluvieux, alors même que j'ai tant besoin de soleil. 

Tout ça pour dire que je suis désolée de ne pas avoir donné suite au projet de blogorencontre dans la capitale mi-mars, mais je n'ai pas trouvé le temps de m'en occuper et ces dernières semaines je suis E-PUI-SEE ! 

Et ça ne va pas s'arranger vu que je commence, en même temps que mes déjà nombreuses activités professionnelles et familiales, une nouvelle formation d'un an. 

Je passe volontiers le relais à qui voudra bien se charger de l'organisation d'une blogorencontre un week-end en mai, septembre ou octobre et y participerai avec joie. 

16.3.25

Famille recomposée

On ne m'avait pas prévenue au sujet du mariage, des enfants, du divorce, de la recomposition... bref ! On ne nous dit rien, on nous cache tout, aussi, à vous, mes damnes zé mes cieux, je vais dire deux de mes vérités :

1] Pour être heureux dans une seconde union, le secret c'est de ne pas avoir l'obligation de cohabiter. Certes c'est plus difficile à mettre en œuvre dans les grandes villes, où les prix des loyers restent exorbitants malgré un exode urbain post-covid, mais quand vous avez le choix de rejoindre vos pénates pour retrouver un peu de solitude, au besoin, les moments partagés n'en ont que plus de valeur. 

2] Les jours, semaines ou mois où plusieurs générations cohabitent, n'hésitez pas à proposer un planning.

Depuis toujours je m'épuisais à vouloir tout faire pour que les êtres que j'aime se sentent dans un cocon quand nous étions tous réunis et je ne voulais pas passer pour un tyran domestique. Or, depuis que j'ai proposé avec fermeté un planning hebdomadaire permettant un partage équitable des courses, du ménage, des lessives et de la préparation des repas, eh bien tout mon petit monde s'y est mis volontiers. Je peux me reposer en fin de journée et j'ai même le temps de lire un peu tous les jours.

Ça a réellement changé notre façon de vivre ensemble, qui me semble plus respectueuse des efforts de chacun. J'en connais qui prennent même plaisir à cuisiner, chercher de nouvelles recettes et ont décidé de commencer un potager. 

Le week-end nous faisons les courses ensemble mon bûcheron et moi, alors que je m'y refusais depuis des années, car je déteste la cohue dans les magasins et trouvais qu'il y avait des activités plus épanouissantes et sexy à partager en couple. Mais ça a permis à mon homme blanc cis hétéro d'intégrer cette obligation dans son emploi du temps, de réaliser à quel point c'est chiant, de prendre conscience de l'augmentation des prix, de la nécessité de changer de lieux pour varier les achats, d'apprendre à faire plaisir à chacun, bref, à faire famille ! 

Évidemment, je me demande pourquoi je n'ai pas mis cela en place plus tôt, alors que ça avait déjà très bien marché pendant le premier confinement.

La prochaine fois je vous parlerai de la place des ex dans la famille recomposée et des conflits de loyauté. Mais en attendant : "Ne faites rien que je ne ferais pas* !"

* ça vous laisse de la marge.

15.3.25

Le tube de pâte dentifrice

L'homme que j'aime est fils d'agriculteurs et a grandi sur des terres arides, où vraisemblablement ils ne mangeaient pas toujours à leur faim. J'en ai déduit que c'est peut-être la raison pour laquelle le partage et la générosité ne sont pas vraiment une seconde nature pour ce peuple là. Néanmoins, je n'ai pas à me plaindre, il a toujours eu pour moi de délicates attentions... tant que je n'essayais pas de lui prendre son morceau de son pain à table ou de poser ma tête trop longtemps sur son coussin ! 

J'ai découvert récemment que Monsieur n'aime pas du tout, mais alors pas du tout, partager son tube de dentifrice. Ce fut pour moi bien plus difficile à avaler, car je ne m'étais même jamais posé de question à ce sujet. Pour moi au sein d'une famille chacun a sa brosse à dents, bien sûr, mais le tube de dentifrice est pour tout le monde. Comme nous avons de vrais problèmes chez nous, ce fut l'objet de discussions, débats et même fâcheries entre mon amoureux et moi, qui ne supporte pas l'idée que son dentifrice et donc par ricochet sa bouche, soit en contact avec les poils de brosses destinées à d'autres dents que les siennes, il ne trouve pas ça hygiénique du tout et a tenu bon contre vents et marées. Il m'a expliqué que c'était ainsi avec son ex-femme et leurs enfants, chacun son tube !

Ce n'est donc qu'en achetant assez de tubes de dentifrices pour que chacun ait le sien et en jurant sur la bible, le coran, la torah et la mort intime, que plus personne ne toucherait à son tube de dentifrice privatif que notre foyer retrouva sa quiétude. Toutebelle, qui avait déjà mis un capuchon à sa brosse à dents depuis plusieurs mois, fut ravie d'adopter la pratique hygiénico-fluorique de son beau-père et a donc également son propre tube de dentifrice dans le compartiment privatif (j'ai acheté un pot familial à compartiments) de sa brosse à dents.

La paix ayant regagné notre foyer, nous attendions mon amoureux et moi le bon créneau pour nous livrer à un rite de réconciliation. Le samedi suivant, Petitout venait tout juste de partir rejoindre ses amis et Toutebelle n'était pas encore rentrée de sa sortie avec les siens, que je me précipitai ventre à terre prévenir le bel homme que nous avions un créneau de deux heures et que c'était ZE moment pour réconcilier grave. Alors que le bel homme déteste être bousculé, il a ce jour-là remporté la médaille d''or olympique de vitesse en déshabillage, douchage, séchage et installation dans le lit en mode "On". J'ai eu tout juste le temps de me doucher et me brosser les dents*, avant de le rejoindre dans le lit.

J'ai souri de longues heures ensuite, certes en repensant à cette chouette réconciliation, mais surtout en me réjouissant que cet homme là ne s'inquiète pas de tous les contacts pillo-bucaux...

*En utilisant son tube bien sûr.