"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

12.12.24

La boucle temporelle* de Minnie

Je ne sais pas si je vieillis si bien que ça finalement, puisque maintenant non seulement je ne suis plus horrifiée quand je vois des souris chez moi, mais parfois même je les trouve mignonnes.

Nous faisons toujours le nécessaire pour nous en débarrasser, pour des raisons hygiéniques, mais il faut bien reconnaître qu'elles m'amusent. Je n'ai plus le cœur à les empoisonner et les retrouver mortes dans un coin du logement. Aussi, nous avons fait l'acquisition d'une cage dans laquelle elles se laissent prendre assez facilement et ensuite mon bûcheron les emmène dans la forêt pour les relâcher. Mais je les crois plus persévérantes que nous, puisqu'elles reviennent souvent. 

J'ai un jour suggéré que l'on mette une pointe de vernis rouge sur leur poil histoire de voir si c'était bien les récemment libérées qui, en bonnes ingrates, revenaient nous visiter, mais mon amoureux m'a regardé comme si j'étais une épouvantable tortionnaire. La première année, mon bûcheron en a capturé cinq dans la même journée, nous ne saurons jamais si ce fut cinq fois la même...

Ce matin, une jeune audacieuse ne s'est pas embarrassée de ma présence et a même eu l'outrecuidance de me faire remarquer 1] que nous ne faisons pas bien le ménage 2] que nous sommes bien des alcooliques ; puisqu'elle a entrepris de déplacer devant moi le gros bouchon en liège (issu d'une grande bouteille de bière), qui était resté planqué sous un meuble.

Je sens qu'avec celle-là je vais bien m'amuser, qu'elle soit alcoolique ou collectionneuse, elle me plaît déjà.

* Au départ j'avais écrit "le retour" de Minnie, mais j'aime bien les films où l'héroïne revit sans cesse la même journée** jusqu'à ce qu'elle ait réalisé ces actions qui étaient indispensables pour lui permettre de reprendre le cours de sa vie. 

** Si ça se trouve c'est la même souris qui revient chez nous parce qu'elle n'a pas accompli sa mission sur cette terre***.

*** Et si ça se trouve, sa mission c'est de construire une Tour Eiffel en bouchons de bière****.

****Et si ça se trouve, je devrais aller me recoucher...



2.12.24

Vous n'aurez pas ma haine

J'ai le souvenir d'une certaine chère à mon cœur qui déprimait grave pendant les premiers mois de la pandémie et qui m'avait asséné, alors que j'essayais en vain de lui remonter le moral : "Tu ne peux pas comprendre, tu es insupportablement optimiste".

Sur le coup ça m'avait surprise, voire amusée, puis j'avais compris qu'il est peut parfois être malvenu de pousser une personne qui souffre à relativiser.
Cette personne ne se sent pas entendue et comprise dans sa douleur. Aussi, maintenant je prends le temps d'écouter ceux que j'aime et de les laisser vider leur sac. Je ne leur donne mon avis que quand ils le demandent.

Il n'empêche, je suis chaque année un peu plus surprise de voir combien les gens dépriment à l'approche des fêtes de Noël, alors que ça reste ma période préférée, avec le printemps quand les journées rallongent et la nature de réveille, l'été, quand le soleil nous réchauffe et les soirées embaument, l'automne, quand le paysage prend de magnifiques teintes chaudes et que je peux lire le dimanche au coin du feu, l'hiver, quand la neige est tombée pendant la nuit et qu'au petit matin le paysage magnifique resplendit dans un doux silence. 

Je n'ai jamais autant qu'aujourd'hui apprécié d'être vivante. Sans doute parce que j'ai :
- choisi de regarder et ne retenir que ce qu'il y a de drôle, doux, bon et chaud dans mon quotidien ; 
- prévu dans les semaines à venir de passer du temps extra-professionnel avec des personnes que j'aime exclusivement ;
- pris un abonnement pour le cinéma ;
- prévu pendant ma semaine de vacances de faire des bisous, des balades, des siestes et de la cuisine à quatre mains au moins ;
- l'espoir que l'on m'offre le dernier opus de Riad Sattouf et peut-être même un autre livre qui me transporterait ;
- et surtout, SURTOUT, décidé de ne plus du tout écouter les informations et parler de politique*. 


*Enfin presque... Ou en toute petite quantité avant le printemps prochain, le temps que je reprenne des forces...

5.11.24

La transformation

Il fallait vraiment que je le vois de mes yeux vu pour le croire, dites donc !

Pour la première fois, j'ai assisté en direct à la transformation d'une amie chère en Mère-grand : EFFRAYANT !

Le phénomène se répétant depuis quelques années, je savais que ça pouvait faire vriller les plus solides, mais rien ne m'avait préparée à cela...

Elle a d'abord essayé de nous dissuader d'aller voir sa descendance : "Bon ok, vous avez fait plus de 600 km pour venir la voir, mais peut-être que l'on pourrait se contenter de passer du temps ensemble et je vous montrerai des photos récentes?" Evidemment, nous avons fermement insisté pour aller admirer La Merveille de près.

Mère-grand était au volant et nous avons fait mine de ne pas nous rendre compte qu'elle roulait très lentement, histoire que nous passions le moins de temps possible avec sa petite-fille... Mais, merci Saint Christophe, nous avons fini par arriver.

Quel bonheur que d'admirer la sérénité de la maman, pourtant primipare et d'humer la délicieuse odeur de nouvelle-née qu'exhalait cet adorable bébé. Heureusement que j'hume vite, parce qu'une certaine s'est empressée de m'enlever La Merveille des bras en arguant de sa légitimité à la tenir plus longtemps que moi.

Quelques minutes auparavant j'avais déjà bien ri intérieurement quand Mère-grand s'était précipitée sur moi pour me montrer comment tenir convenablement SA petite-fille. J'ai failli lui rappeler que nous avions tenu, allaité et mené jusqu'à la majorité le même nombre d'enfants sortis de nos utérus respectifs, mais s'il y a bien une chose que j'ai comprise c'est qu'on ne peut pas discuter avec une nouvelle Mère-grand.

J'ai tout de même failli appeler Sainte-Anne, quand elles se sont mises à comparer La merveille à leurs chattes (entendez par là les femelles du chat), parlant même de liens fraternels, mais j'ai pris sur moi et suis restée calme. 

J'ai pris sur moi car si mon bûcheron, qui tenait à faire cette longue route avec moi et à être présent pour faire la connaissance de La Merveille, n'a pas osé la porter, trop petite et trop fragile, il m'a semblé bien ému mon colosse.

Cela valait la peine de faire plus de 20 heures de trajet sur 48 heures pour revoir notre Bellzouzou internationale, son merveilleux Ours (cet homme est un saint), l'adorable nouvelle maman et faire la connaissance de Bébézou. D'abord pour eux et ensuite parce que je sais maintenant que mon  amoureux est définitivement prêt à être grand-père.

11.10.24

Le mot du jour

Il y a bien longtemps, j'avais décidé d'enseigner un nouveau mot par jour à mes enfants, mais dès qu'ils découvrirent le plaisir de lire seuls, ils me firent comprendre que la lecture leur suffirait.
Il est rare que j'apprenne de nouveaux mots, aussi, j'ai grand plaisir à partager ci-dessous avec vous le nouveau mot issu de La petite menteuse, roman-nouvelle dévoré hier matin au petit-déjeuner avant d'aller travailler.

Rodomontade 

nom féminin singulier
rodomontade (nom féminin ) · rodomontades (nom féminin pluriel)
  1. vieilli
    Propos de rodomont, fanfaronnade.

Rodomont

adjectif masculin singulier
  1. vieilli
    langage soutenu
    Fanfaron, matamore.

10.10.24

En novembre

 Aura lieu le mois sans tabac.

Pour prouver à mes proches ma grande volonté, c'est décidé, cette année je le fais !

20.9.24

La prochaine blogorencontre

Et si on s'embrassait pour de vrai un samedi midi de mars 2025 dans un restaurant de la capitale ? 

Et si nous disions le samedi 15 mars à midi (et pour tout l'après midi bien sûr) ? J'ai trouvé un restaurant qui semble très sympathique, proche de la gare Montparnasse. Merci de confirmer ici avant le mois de décembre, histoire que je réserve notre grande tablée : j'ai hâte ! 

19.9.24

Un nouveau sport

Je suis pile-poil dans le créneau où je suis trop jeune pour les pratiques sportives lentes et douces où on travaille les muscles profonds (et qui m'ennuient d'une force !!!! ) et trop vieille pour me risquer à la pratique de sports très dynamiques qui sollicitent trop les articulations et le cœur. 
Rien que cet été, il y a eu pas moins de trois déchirures profondes des ligaments croisés et cinq infarctus parmi mes connaissances les plus sportives (de 35 et 75 ans). Aussi, j'ai décidé que, quitte à mourir en s'agitant, autant faire une Marguerite Stenheil. 

Je voulais coucher mes observations sur le papier, mais mon Félix Faure s'y oppose fermement (ce qui n'est pas sans m'émoustiller quelque peu). Mais à vous je vais raconter, évidemment. 

Constat numéro 1, alors même que j'ai depuis plusieurs semaines (plus précisément depuis nos longues heures de voyage dans un bus datant du début 20ème siècle) une douleur au dos qui ne me quitte pas, quand nous commençons nos exercices pratiques, que je suis chau*de comme la br*aise et pleinement concentrée sur mes sensations intérieures, je n'y pense presque plus (ou en tout cas pas longtemps) et dans l'enthousiasme du moment réussis des figures dignes de la meilleure contorsionniste du cirque du Soleil.

Le plus drôle c'est que le lendemain, quand mon corps s'est refroidi, la douleur revient.

Remarque pseudo-scientifique : une bonne amie me disait pas plus tard qu'hier soir, qu'une pratique de 15 minutes équivaudrait à cinq tours de stade. J'voudrais pas avoir l'air de me la péter, mais dans ce cas nous sommes champions olympiques d'athlétisme, hein !

Car nous en parlions il y a une décennie avec de chouettes copines du côté de la Beauce et je découvrai que certains couples pratiquent cinq minutes. Je ne comprends toujours pas. Parce que le temps d'échanger des baisers et des cares°ses allume-feu, c'est déjà 20 minutes, ensuite tu explores le territoire pour débusquer les zones les plus éro*gènes ce jour-là (car évidemment ce ne sont pas toujours les mêmes), au moins 20 minutes de plus, ensuite on entre dans le feu de l'action et là on est tellement bien qu'on ne compte plus.

Nous nous sommes offerts un week-end d'initiation au sl*ow*-se*x il y a deux ans et je vous le recommande fortement, ça fonctionne à tous les âges et les exercices sont de plus en plus agréables à pratiquer avec le temps. À chaque fois je suis surprise que ce soit encore mieux qu'à nos débuts. Félix Faure théorise que c'est parce que nous nous connaissons de mieux en mieux dans ce que nous aimons et nous en parlons.

Moralité, une communication positive pour ça aussi ce serait la clef. 

En plus, maintenant qu'une certaine a eu l'extrême amabilité de m'offrir pour mon demi-siècle, ce livre, autant vous dire que mon mal de dos a du souci à se faire.