Madame T était mon enseignante en primaire. Je n'avais passé qu'un ou deux ans dans cette école, mais sa douceur, sa fermeté et sa gentillesse m'avaient marquée.
Pour pouvoir reprendre mes études en Master 2 j'ai dû, il y a presque deux ans, rédiger une autobiographie raisonnée. Et dans cette autobiographie j'ai parlé d'elle. Un souvenir précis m'était revenu et un ressenti, celui d'être en sécurité à l'école, de m'y sentir bien et d'aimer apprendre.
Il y a quelques semaines je me suis dit que je trouverais peut-être quelques infos sur elle sur internet car elle avait un nom assez rare, mais il n'y en avait pas.
Ensuite j'ai contacté la direction de cette école qui existe toujours et la jeune directrice m'a dit qu'elle ne gardait pas de données aussi anciennes (sic !) : "voyez avec le rectorat, peut-être ont-ils encore des archives".
Comme j'étais en arrêt maladie et à l'isolement pour cause de Covid, j'ai pu prendre le temps de téléphoner cinq fois pour réussir à identifier un service qui puisse me renseigner au rectorat, quatre de plus pour obtenir une adresse mail à laquelle faire ma demande, six de plus pour relancer et un coup de fil pour tomber sur une dame qui me donnera son prénom, son adresse, son numéro de téléphone et me précisera même son âge.
En raccrochant j'étais surprise* et infiniment émue. J'avais les coordonnées de "ma maîtresse".
Je ne lui ai pas téléphoné, car je trouvais le procédé un peu brutal, alors je lui ai écrit une longue lettre sur mon plus beau papier de correspondance. Je l'ai mise dans une belle enveloppe et j'ai choisi avec soin un beau timbre, avant de la poster.
J'ai attendu fébrile une réponse, jusqu'à vendredi dernier.
Ma maîtresse préférée m'a répondu, de cette si belle écriture dont les plus de soixante dix ans ont le secret. Elle m'a écrit de bien jolis mots qui m'ont fait monter les larmes aux yeux.
Comme la vie est bien faite, j'étais tombée quelques jours auparavant sur la seule photo de classe que je possède. C'était dans son école et dans sa classe. J'en ai fait une copie et la lui ai envoyée pour Noël.
J'ai déjà reçu mon cadeau pour Noël.
*Je ne m'attendais pas à ce qu'on me communique ses coordonnées, j'espérais tout au plus savoir si elle avait poursuivi sa carrière dans cette école.
Évidemment, les hommes de la maison m'ont fait remarquer qu'au nom de la parité, mon jeune époux aussi devrait avoir le droit de rechercher et retrouver sa maîtresse préférée.
7 commentaires:
Un joli comte de Noël !
Incroyable!!!
Mes premiers élèves doivent avoir entre 35 et 40 ans maintenant...
Manoulaforet :
Oui, c'est la magie de Noël.
Anne :
J'ai une bonne étoile.
Elle a 72 ans, selon la dame du rectorat.
Vous faites un beau métier.
C'est une belle histoire comme tu en as le secret.
La chance sourit aux audacieux ;-)
Superbe histoire en effet.
Mais, j'ai eu le plaisir de retrouver ma meilleure copine de 2nde, qui vit au Maroc et a une vie si parallèle à la mienne que s'en est étonnant :)
Je profite de cette visite pour te souhaite une belle et heureuse année 2022, pleine de bonnes surprises de ce type !
Kiss
C'est trop bon de retrouver de vieux amis. Une vieille copine a retrouvé mes coordonnées récemment et nous avons spontanement discuté pendant deux heures, elle a évoqué des souvenirs communs que j'avais oubliés, c'était trop bien. Je suis contente pour toi. Un beau voyage au Maroc en perspective pour 2022 alors ?
Merci beaucoup. Belle et heureuse année à toi aussi. Gros bisous
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