"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

10.5.21

Je me souviens...

De l'apparition de son visage sur l'écran de télévision. Mais surtout de la joie de mes parents.

Oui, ils étaient heureux et pleins d'espoir.

Ils espéraient une société française moins raciste, plus équitable et plus humaine... 

Je me souviens quelques années plus tard du mouvement "Touche pas à mon pote" et de ma broche avec la main jaune. Récemment je cherchais désespérément à en acheter une d'occasion, comme le symbole d'une époque où il était inadmissible d'exprimer publiquement des propos racistes. Je voulais la montrer à mes enfants, pour les convaincre que ça a existé. 

Une époque avec des Balavoine et des Coluche... 

Tout cela me semble si loin, si vain.

6 commentaires:

dany a dit…

je me souviens aussi de la fête énorme à la Bourse du travail, de toute cette joie partagée avec les copains, des danses sur les places au son d'un accordéon..

Anne a dit…

Que de déceptions ensuite...

Anne a dit…

Il y a eu tellement d'espoir ces jours-là que je ne parviens pas à lui en vouloir. Et puis, quand même, cette libération a été salutaire

manoudanslaforet a dit…

Tendres souvenirs si plein d'espoirs...

Balladinette a dit…

moi du haut de mes 18 ans tout frais sonnés de la tête de mon grand-père gaulliste jusqu'au bout des doigts quand il a vu les yeux qui étaient ceux de Mitterand. C'était la bérézina.

Névrosia a dit…

Dany :
Ce devait être un bien beau moment.

Anne :
Le plus difficile pour moi n'est pas les espoirs déçus (ça fait partie de la vie, hein), mais l'absence de nouveaux espoirs depuis 40 ans. Jospin à été un pétard mouillé.

Manoudanslaforet :
Cherissons les tendres souvenirs.

Balladinette :
Très intéressant ce point de vue-là. Effectivement, pour une partie de la population ça a dû être vécu comme une sorte d'annonce du chaos.