"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

3.2.23

Malade

En vieillissant je dois souffrir d'un relâchement du canal lacrymal*, car j'ai de plus en plus souvent les yeux humides en évoquant, ou me remémorant, les meilleurs moments du passé, lointain ou proche.

Bref ! J'suis devenue une chialeuse.

La carapace s'est fissurée sévère et il suffit que je repense à la tendre enfance de mes enfants et je chiale.

Quand j'évoque un moment qui m'a particulièrement émue, je chiale.

Re-bref ! J'suis chialeuse en cheffe, avec option illuminée.

À vous je peux le dire, mais je crois bien que je suis un peu folle hyper créative aussi. J'ai souvent de drôles d'idées qui me trottent dans la tête et puisque désormais j'ai "plus de passé que d'avenir", je m'empresse de les réaliser.

Je vois bien que certains se disent que j'en fais trop et je les comprends, mais "en vrai", je ne peux pas m'en empêcher. 

Ainsi, pour la saint Valentin j'ai décidé d'offrir un moulage en plâtre (ou silicone) de mon sein droit (car c'est le préféré de sa main gauche, rapport à sa place dans le lit, mais je m'égare) à mon amoureux, pour qu'il le glisse dans le tiroir de son bureau** et pense à moi encore un peu plus souvent quand il est au travail. 

Ou alors j'en moule plusieurs (pfffffff ! Je lis dans vos pensées et faudrait voir à dépasser la deuxième phase de l'évolution psycho-sexuelle d'un bébé humain), de plusieurs couleurs (idem), afin qu'il les accroche dans son futur atelier (auquel plus personne n'aura accès du coup). 

Une autre preuve que ça ne tourne pas tout à fait rond chez moi (peut-être que je vais être diagnostiquée comme souffrant de troubles de la dissociation et pourrai demander une retraite anticipée pour raisons de santé, mais je me re-égare, ce qui ressemble à se méprendre à je me re-gare, sauf que là il n'est pas question d'une voiture que l'on stationne à deux reprises et quand la phrase entre parenthèses est plus longue que la phrase dans laquelle elle se trouve, ça peut potentiellement devenir incompréhensible), Toutgrand va fêter ses 25 ans*** très prochainement et à chaque fois que j'en parle à ma famille ou mes amis de longue date, qui l'ont connu tout petit, je suis émue pour eux en constatant que ça leur fiche un sacré coup de vieux. Mais pas à moi. 

Malgré l'arthrose et la ménopause, je n'ai jamais eu autant envie de m'amuser. 

D'ailleurs, il y a quelques années, quand j'ai rencontré mon bûcheron, je me sentais si euphorique que je ne parvenais plus à me concentrer sur mon travail. J'ai fini par téléphoner à notre super médecin de famille pour lui demander un arrêt de travail. Elle a été prise d'un sacré fou-rire et m'a répondu qu'un excès de joie n'entrait pas dans les motifs acceptables, selon la sécurité sociale, pour bénéficier d'un arrêt de travail. 

Re-re-re-bref ! J'ai le cœur gonflé d'amour et en préparant les photos des 25 dernières années, j'alterne larmes, rires et drôles d'idées. On ne va pas tarder à m' interner.

 

 

*qui a dit (ou pensé), l'étape suivante c'est le périnée et le sphincter ??? Ouais, attention à vous, hein.

**quiconque connaît mon éminemment pudique bûcheron, se doute bien qu'il le planquera consciencieusement dans un coin de la maison, mais je me réjouis par avance de la tête qu'il va faire en ouvrant le paquet. 

***je lui ai déjà prévu le plus somptueux des cadeaux.



8 commentaires:

dany a dit…

Morte de rire ! commence le moulage rapidement il y a un temps de séchage!!!! et en silicone c'est plus malléable qu'en plâtre...

Nevrosia a dit…

Merci pour tes conseils avisés :-)

Eve a dit…

haha, il faudrait que je te montre la photo de moi qui s'affiche sur le portable de mon chéri quand je l'appelle. ça me fait toujours rire quand il a du monde autour de lui, d'imaginer leurs têtes!

Anonyme a dit…

Eve :
:-D faute de pouvoir me montrer, tu peux raconter.

Bellzouzou a dit…

J'aimerais bien que tu me dises quel est le plus somptueux des cadeaux que tu fais à ton fils, (histoire d'avoir une idée pour le mien..!)
Quant au moulage, masquera-t-il les lois de la gravité auxquelles une femme de ton âge respectable (l'âge, hein) doit inéluctablement faire face (même si, j'en suis sûre, "elle" va nier, hmm), huhu?? ;-D

Névrosia a dit…

:-) le plus somptueux des cadeaux c'est la médaille en photo (qui l'a laissé songeur, voire consterné) et pour ce qui concerne mes seins, ils se tiennent ma foi plutôt bien. Veux-tu que nous proposions un comparatif photographique sur nos blogs respectifs ? Cap ou pas cap ma vieille ??!

Bellzouzou a dit…

absolument pas cap, ma vieille! on a laargement passé l'âge, et puis on l'a déjà fait dans le temps, je te rappelle (quand les lois de la gravité...bref, on a bien fait de ne pas attendre!)

ps: la médaille, j'y crois pas! pauvre JB, il peut venir trouver du réconfort chez nous, si besoin, dis-lui.

Nevrosia a dit…

"on a largement passé l'âge" Houlala ! Tu m'inquiètes. Bon, faut qu'on se programme fissa un voyage anti-memerisation !!!!