"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

7.9.20

Mon oisillon

Je me suis réveillée au milieu de la nuit, presque en sursaut, en réalisant que Petitout va quitter la maison pour aller faire ses études.

Ce n'est pas le premier enfant à partir, puisque Toutgrand avait vécu un an à des centaines de kilomètres de la maison à 15 ans, mais je savais qu'il allait revenir.

Là c'est différent car Petitout est mon plus jeune enfant et je viens de comprendre que notre vie de famille ne sera plus jamais la même. 

Je me suis réfugiée au salon, où j'ai pleuré une bonne heure, à en avoir mal à la tête. 
Plus je pleurais et plus je me trouvais ridicule de pleurer, parce qu'en réalité je suis heureuse et fière qu'il puisse faire des études qui lui plaisent. 

Mais j'ai quand même continué de pleurer, tout en rigolant, et en me disant que certainement des personnes avaient déjà été internées pour moins que ça.

Et plus je me disais que j'étais ridicule, plus je pleurais, plus je rigolais, plus je me mouchais et plus j'avais mal à la tête. 

Il est heureux que personne dans la maison ne se soit réveillé pour me voir dans cet état. 

Mon Petitout est bien grand désormais. 

6 commentaires:

manoudanslaforet a dit…

On fait les fières quand ils s'éloignent mais en dedans on pleure ...je connais ça....

Anonyme a dit…

oh là là...
J'imagine.
Oui des changements. Mon dernier rentre en 1ère seulement mais ça fait déjà bizarre de voir comment il a "basculé" en un été...
Et sinon j'ai bien pensé à toi cet été en Bretagne en passant près de Bréhat avec mon Breton...
Des bises du Nord
Lysa

Bellzouzou a dit…

Pleure pas, ma p'tite mère, pense plutôt que quand ils seront TOUS partis pour toujours et bon débarras, on pourra faire la fête, yihaaaa!

Névrosia a dit…

Manoulaforet :
C'est vrai, mais nous devons le garder pour nous, pour qu'ils prennent sereinement leur envol.

Lyza :
Cool ! J'ai hâte de pouvoir emmener tous mes amours sur l'île de Brehat.
Comment vas-tu ? Ton breton te fait-il toujours du bien ?

Bellzouzou :
Oui c'est vrai, tu as raison. Et en plus je n'aurai plus à contrôler mes décibels quand mon amoureux et moi...

Eve a dit…

Je me souviens m'être dit, en laissant (avec une larme) mon grand dans son appart d'étudiant, que notre vie à 5 était terminée.
C'est vrai d'une certains façon, mais je suis à présent bien plus consciente de mon bonheur quand on est réunis!

Névrosia a dit…

Eve :
C'est vrai que c'est super méga-chouette de constater combien nous sommes tous heureux de nous retrouver.