"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

19.9.20

In-com-pri-se

Croyez moi, ce n'est pas auprès de ma famille que je trouverai le réconfort lorsque je m'offrirai un bon petit syndrome du nid vide, vu que la réaction de ma sister face à ma détresse post-envol d'oisillon fut :

"Nan mais t'es sérieuse ??? Il est à moins de deux heures de chez toi !!!"

(sur le ton de "non mais moi ma fille elle étudie à plus de 10 h de route, alors en cas de gros rhume, pas le temps d'aller lui faire un grog qu'elle est déjà guérie !" ) 

Pas moyen de compter sur le soutien de ma génitrice non plus, qui me boude grave depuis que je lui ai dit que "ben oui, une fois à la retraite je préférerai faire des voyages avec mon amoureux, plutôt que changer tes couches et de toutes les façons je ne vois pas pourquoi tu veux absolument que ce soit moi qui m'en charge alors que tu as quatre autres enfants !"

Quant à mon amoureux malgré l'affection qu'il porte à ma descendance, il voit d'un très bon œil toutes ces velléités d'indépendance et d'autonomie, si j'en crois sa hâte à aller chercher la tronçonneuse pour m'aider à couper le cordon. 

Alors quand en plus, alors que tu t'es tapé 45 minutes de bouchons de début de week-end pour aller le chercher en gare, lors de son premier retour à la maison en week-end, le fils prodigue refuse de t'embrasser en te disant : "Nan mais c'est bon M'man, pas la peine de faire dans l'effusion non-sanitaire pasque j'ai croisé au moins une centaine de personnes avant d'arriver ici : on verra après que j'aie pris une douche à la maison !"... 

D'abord tu te dis : "pas la peine de se mettre les ovaires au court bouillon pour ce @#¥€©¢®$¦§¶©...", et puis tu réalises qu'il a dit "à la maison" et tu souris tout le week-end*. 

*note pour maintenant : arrêter de la jouer "retour du fils prodigue" tous les week-end, le reste de la fratrie commence à s'agacer.



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ooooooh que c'est bon de te lire !!
Moi suis presque pressée que mon dernier oisillon prenne son envol parce qu'en ce moment c'est franchement... ado au cube !
Des bises du Nord
Lysa

Névrosia a dit…

:-) j'ai connu. Ils font ça pour nous rendre la séparation plus facile, mais nous manquent dès la première minute d'absence.
C'est une immense escroquerie la maternité.