"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

24.4.18

L'annif

Il était une fois une grande folle qui aimait bien organiser des surprises pour les anniversaires de ses proches, alors bien qu'il ait dit ne rien vouloir faire elle avait commencé à organiser la fête de demi-siècle de son amoureux depuis des mois.
Elle lui demanda de poser quelques jours de congés, en lui indiquant vouloir l'emmener découvrir quelque contrée. Il accepta.
Ensuite elle organisa la venue surprise de sa fille aînée chérie depuis l'étranger.
Elle prit contact avec le dirigeant du petit club dans lequel il s'était commis jeune en jouant au foot, histoire d'avoir quelques preuves photographiques de ce passé qu'il voulait volontairement occulter.
Et elle mit tous ses proches (amis, famille) dans la confidence.

Aussi quand elle prit le volant pour emmener le fêté sur sa terre natale, il fut surpris.
Quand ils posèrent leurs valises dans le gîte du château local, qu'elle avait pris soin de réserver pour la semaine, il fut ravi.
Quand ils se baladèrent dans ce pays ardéchois qu'il aime tant, il fut enchanté.
Quand la veille de son anniversaire, en ouvrant la porte du gîte se présenta devant lui sa grande fille chérie qu'il n'avait pas vue depuis des mois car elle vit chez les descendants des vikings, il n'en revint pas.
Quand le soir de son anniversaire, il découvrit dans ce restaurant qu'elle avait pris soin de réserver pour toute l'assemblée, toutes les personnes qu'il aime, il fut heureux. 
Elle avait défini avec le chef un menu qui plut à tous et commandé les meilleures bouteilles, elle avait fait l'aller-retour l'après-midi même pour aller chercher un grand gâteau d'anniversaire (son gâteau préféré bien sûr) chez le meilleur pâtissier du coin, avait pris le temps de faire un mur de souvenirs avec des photos de lui qu'il ne connaissait pas (dont celles de foot) récupérées discrètement au fil des mois auprès des membres de sa famille.
En écoutant la conteuse locale à laquelle elle avait fait appel pour animer la soirée au rythme de récits enchanteurs traditionnels, qui avaient déjà régalé ses aïeux lors des longues veillées au coin du feu, il fut comblé.
Quand elle organisa un grand barbecue la veille de leur retour dans le jardin du château, afin de prolonger la fête avec toutes les personnes qu'il avait invitées, il fut ravi.
Et quand ils furent de retour dans son appartement lyonnais pour reprendre le chemin de l'école et du travail après cette parenthèse enchantée, il la remercia de tout son cœur. Elle ne l'avait jamais vu aussi heureux, ça lui faisait sincèrement plaisir.
Cerise sur le gâteau, ils avaient eu un temps magnifique tous les jours.

La surprise fut réelle, le bonheur de tous sincère, mais toute cette organisation (+ la logistique sur place) avaient laissée la grande folle sur les rotules et fauchée comme les blés :  "on ne compte pas quand on aime".

Un week-end en amoureux en Europe début mai était prévu depuis longtemps et cette fois-ci c'était à l'amoureux de tout organiser (la grande folle s'était  toujours chargée d'organiser tous leurs week-ends et vacances depuis qu'ils se connaissaient), aussi essayez d'imaginer la tête qu'elle fit quand le lendemain de leur retour à Lyon il lui dit : "t'as choisi la destination et commencé à comparer les prix pour notre weekend, qu'est-ce qui est mieux, le premier ou le second weekend ?"

C'est décevant joueur parfois un homme. Après 24h de soupe à la grimace :

L'amoureux : "Mais qu'y a t-il mon amour ? Dis-moi ce qui te tracasse."
La grande folle : "Rappel des propos échangés"
L'amoureux : "Aaaaaaaaaah mais je plaisantais ma douce, bien sûr que je m'occupe de tout !"
La grande folle : "Ton humour à deux balles tu sais où je me le mets ?"
L'amoureux mort de rire : "Mmmmmh, j'adore quand tu t'exprimes avec poésie"

Bon, je ne le tuerai pas encore cette fois-ci.

5 commentaires:

Zozosteo a dit…

- Mais oui, bien sur! Veux-tu vraiment savoir ce que j'en pense? lui demanda-t-elle.
- Naturellement ma chérie d'amour, je suis toute ouïe.
- DANS TES RÊVES!!!
(Bon, parfois, on s'agace un peu... ;-) )

Anne a dit…

Bah...
C'est aussi pour cela qu'on les aime, non?
Tu déchires, comme d'hab, niveau organisation, alors...

Névrosia a dit…

Zozostéo :
:-) je n'ai pas tant de répondant quand j'ai de la peine, mais je note pour la prochaine fois, merci ! ;)

Anne :
Non pas vraiment en fait. Je l'aime pour un grand nombre de choses mais pas celle-là :)
Tiens, tu m'inspires un billet, merci.

dany a dit…

Bravo Tu as assuré, comme d'ab!!!!

Névrosia a dit…

Merci ma douce. C'était chouette !