Le TGV doit être pour moi une sorte de
3ème dimension, mon triangle des Bermudes, où il ne m'arrive que
des
choses improbables. Et encore je ne vous ai pas raconté la fois
où une jeune femme (à laquelle je n'avais rien demandé) m'a raconté sa vie pendant tout le trajet, un
mélange de Rémi sans famille, princesse Sarah, les misérables et
Germinal ; ni la fois où seule dans la voiture de 1ère avec un
WASP façon bourgeoisie lyonnaise, il a absolument voulu me parler
pendant la fin du trajet en me dévorant des yeux et m'a embrassée sur la bouche (sans que je l'y ai autorisé,
soyons clairs) en arrivant à quai avant de se sauver à toute vitesse, me laissant
coite. Et j'en oublie.
Je disais donc que le TGV est
décidément pour moi le lieu de toutes les rencontres, plus ou moins
intéressantes, plus ou moins surprenantes, mais toujours intenses
visiblement.
Tout comme cette dernière fois où
une odeur, que je perçus au moment une élégante dame s'assit en
face de moi, me saisit de façon embarrassante.
Il se trouve que j'ai
l'odorat très sensible, au point que je peux détecter à un mètre
celui qui a bu le moindre le verre d'alcool (si je suis sobre), a
fumé la moindre cigarette (si nous ne sommes pas dans un lieu
enfumé) et a oublié de se brosser les dents, si je suis face à
lui.
Un odorat digne d'un cochon truffier
vous disais-je donc (voire d'une cochonne amatrice de glands, dirait
mon médisant ex-époux), qui tolère difficilement les aisselles
adolescentes en mode vacances et plus mal encore les voisins fumeurs
qui pensent que l'air ne circule pas.
Aussi, quand dame l'élégante, avec
son joli haut, son joli sourire et ses jolies mèches Franck Provost
s'est assise en face de moi, ce ne fut pas : « le poids
des mots, le choc des photos », mais plutôt "comment
est-ce possible de sentir l'égout à ce point et de continuer de
sourire comme si de rien n'était ???"
Pour être tout à fait franche, j'ai
d'abord soupçonné le voisin de derrière, portant un tee-shirt
acrylique que j'aurais pu incriminer, mais plus les secondes
passaient (plus lentement que d'habitude me semble t-il, « ô
longue agonie »), plus je réalisais que la
fautive ne pouvait être que la souriante et fétide ménagère de
moins de 50 ans chic assise en face de moi.
Étant déjà très fatiguée par mon
périple parisien, je n'avais que moyennent envie d'empirer mon mal
de tête en m'infligeant l'épreuve de passer 2 heures à respirer
son fumet. Et pourtant j'avais expérimenté le métro parisien aux heures de pointe par des journées de grande chaleur, alors autant dire que rien ne m'effrayait, mais là c'était de l'odeur putride de compétition. Aussi, sans aucun tact, j'ai plié mes affaires et me suis
repliée loin derrière dans la voiture pour m'installer sur un siège
libre.
En me levant j'ai entendu la dame dire
aux deux jeunes filles qui se trouvaient dans la rangée d'à côté
d'une voix amusée : « je sens bien qu'il y a un
problème... je sais que je sens mauvais ».
J'étais stupéfaite. Peut-être cette
pauvre femme était-elle atteinte de
triméthylaminurie, mais
je n'ai pas la compassion olfactive, même s'il m'est arrivé à moi
aussi de faire de mauvais choix vestimentaires que ma peau ne
tolérait pas.
Ce
qui m'a le plus étonnée c'est que cette dame semblait véritablement
satisfaite de sentir mauvais. Elle ne semblait pas le moins du monde
gênée, c'était presque comme si elle l'avait fait exprès pour une
caméra cachée ou pour relever les réactions des autres voyageurs
afin de répondre à une étude sociologique sur la résistance
olfactive des usagers de la SNCF.
A
vous je peux le dire, j'ai peur de retourner dans le TGV...
2 commentaires:
comme je te comprends Quand même étrange la dame!!!!!!
Dany :
Oui, très.
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