Pleinement consciente de ma chance de
pouvoir partir en formation, alors que nos éducateurs nationaux
peinent à obtenir ce qui est à la fois un droit et un devoir,
j'étais excitée comme une collégienne à la veille de son premier
rendez-vous au cinéma avec un garçon (même boutonneux).
Prévoyante, j'avais rempli le frigo à
ras bord (sait-on jamais qu'une guerre mondiale se déclare sous 48h
et que ma descendance décide de se gaver de pâtes et biscuits bios
pour se rassurer – les réflexes psychologiques maternels sont
parfois fascinants d'incohérence), préparé moult plats à réchauffer
(alors que même le plus jeune de mes enfants est assez débrouillard
pour se préparer les plats de base ), lavé et rangé tout leur
linge dans leurs armoires (sait-on jamais, la météo fort clémente
annonçait de belles journée ensoleillées, mais prises de folie mes
têtes multicolores auraient pu décider de porter en superposition
tous leurs vêtements justement ces deux jours-là) et parfaitement
nettoyé et rangé la maison avant de partir (tout en sachant que je
ne manquerais pas d'être extrêmement exaspérée par le bazar que
je trouverais à mon retour).
Bref ! Je partais l'esprit
tranquille et les baskets aux pieds. J'aurais pu opter pour le style
follement élégant de ces femmes qui semblent vouloir laisser aux
autres voyageurs un souvenir impérissable en arborant une mise
impeccable, l'air détaché et légèrement hautain de la voyageuse
aguerrie, mais je suis moi hein ! Alors l'élégance folle je
veux bien, mais pas quand j'ai décidé de remplacer mon très
élégant sac de voyage (mais ô combien inconfortable porté sur
l'épaule quand il est trop chargé) par un sac à dos décontracté
et chic à la fois.
J'avais donc pris soin d'embrasser ma
descendance la veille avant son endormissement, car je devais me
réveiller à 4h30 pour aller attraper le premier métro, puis le
premier tigivi.
NOTA : j'suis pas une trouillarde,
hein, mais il ne fait pas bon se promener dans les rues sombres et
vides de la ville au petit matin quand Petitout, ton fils bien aimé,
t'a expliqué quelques jours auparavant la recrudescence des rats
des villes* de plus en plus agressifs, qui semblent poser bien des
soucis aux services d'hygiène de la métropole dans laquelle vous
vivez. Je suis presque certaine d'avoir entendu une bande de rats
comploter pour savoir par quelle partie de ma charnue anatomie ils
allaient attaquer lorsqu'ils se jetteraient tous ensemble sur moi
pour me dévorer, mais pour ma défense je n'avais réussi à dormir
que 2 heures cette nuit-là.
Vous l'aurez compris, toute au stress
de laisser mes bébés... [Aparté : Oui, on peut avoir
respectivement 19 ans, 16 ans et 14 ans, mesurer plus de 2 mètres
pour l'aîné et les atteindre allègrement pour le plus jeune, avoir
désormais un corps et un esprit féminin, pour la représentante au chromosome XX du groupe et rester dans le cœur et la tête de sa maman :
son bébé.
Ne vous épuisez pas à essayer de me
faire entendre raison sur ce point, je sais que ce sont désormais
des adultes (ou presque), je les traite comme tels, reconnais leur
maturité et leur capacité à faire face aux problèmes avec
intelligence et détermination, mais je vous jure que même si je ne
dis rien pour les laisser se confronter à la vie, lorsque l'on s'en
prend à eux au fond de moi je suis tellement en colère que c'est
comme une transformation en Hulk de l'intérieur. Dans ces cas-là ce sont mes bébés qu'on attaque et j'ai envie de déchiqueter l'agresseur avec mes dents, même si je semble impassible. Ce doit être
hormonal, je pense.]... je m'étais agitée jusqu'à l'épuisement, avais peu dormi mais réussi à me réveiller à l'heure et me doucher en un temps record.
Re-bref ! Je partais guillerette,
sereine et en me disant que c'est drôlement chouette quand vos
enfants grandissent et je suis arrivée à l'heure en gare tigivi. Je
me suis d'abord amusée à observer le public des grandes gares à la
première heure, ai décidé à la dernière minute de m'acheter un
thé et une viennoiserie pour me sustenter dans le tigivi et c'est
toujours aussi guillerette que je suis montée dans ce dernier avec
le sourire béat de la provinciale qui a l'impression d'aller
conquérir le monde, alors qu'elle se rend juste dans la capitale, où
elle a vécu pendant plus de 30 ans, rappelons-le.
La provinciale guillerette et agaçante
avec son sourire 10000 lux de 6h du mat, a dû entrer à toute
vitesse dans la voiture en partie basse. En arrivant au niveau de mon
siège j'ai réalisé que je devais enlever mon encombrant sac à dos
à toute vitesse pour le poser entre les deux rangées de sièges
derrière moi et toute à ma hâte de le retirer de mon épaule assez
vite pour laisser les autres voyageurs accéder au fond de la voiture
dans cette allée étroite, mon sac trop lourd a basculé
soudainement et à moitié assommé une voyageuse déjà installée
dans le siège le plus proche.
Confuse, j'ai platement présenté mes
excuses à la dame qui semblait peu encline à me pardonner. Je ne
savais plus où me mettre (au sens propre comme au figuré) alors
j'ai attrapé mon encombrant sac à dos, ai demandé à ma voisine de
voyage de bien vouloir me laisser me mettre sur ma place (je prends
toujours le siège fenêtre pour me perdre dans le paysage) et alors
que je restais debout en attendant que les autres voyageurs
s'installent pour repartir ranger mon sac à dos, sans réfléchir
j'ai posé mon verre de thé sur mon siège qui s'est immédiatement
renversé vers le siège de ma voisine et lui a brûlé les fesses
peut-être au second degré (mais je n'en suis pas sûre, elle n'a pas voulu
baisser son pantalon devant tout le monde pour me laisser vérifier).
Elle a jailli de son siège tel un
diable de sa boîte (ou une femme brûlée aux fesses au second
degré, au choix) et j'ai atteint le stade de mortification ultime -
celui juste avant le désir de mort par combustion spontanée.
Mais la dame fort sympathique a semblé
rassurée par le fait que son pantalon ne soit pas tâché et devant
ma sincère contrition ne m'en a pas tenu rigueur. J'ai asséché sa
partie de siège avec soin, ai posé délicatement mon mouchoir en
tissu (oui je fais partie de ces personnes qui ont toujours de jolis
mouchoirs en tissus sur elles, en plus des mouchoirs en papier
jetables pour l'hygiène) et le reste du voyage s'est déroulé sans
encombre dans la torpeur du premier tigivi du matin.
Je l'avais oublié toute amoureuse que
je suis de notre ville d'adoption, mais pu...fichtre, que Paris est
belle sous le soleil !
p.s : je vous épargne le récit
de la provinciale qui souriait béatement en marchant dans les rues
parisiennes et même dans le métro parisien, car je n'ai plus blessé
personne alors c'est moins intéressant.
* jamais là quand il faut l'autre avec avec sa flûte !
5 commentaires:
Ma puce!!! J'adorerais voyager avec toi!
Jamais d'ennui!
Rooo ! J'en ris toute seule avec mon ordi sur les genoux !!!
Morte de rire! je veux bien voyager avec toi mais 10 rangées de siège derrière le tien!
Tes grands petits ont mangé toute tes préparations???
Prévoit une date pour la 2ème quinzaine d'Octobre ou en Noovembre pour ton cours cuisine crème de marrons...
J'adooore et me retrouve dans tes mots (sauf pour la partie maladresse ;-))
Moi aussi je souris toujours beaucoup quand je vais à la capitale...
Des bises du Nord où tu es toujours attendue !
Lysa
Anne :
;-) je reconnais bien là ton côté aventurière !
Christellemars :
;-) bien heureusement pour la survie de mon entourage je fais rarement preuve d'autant de maladresse.
Dany :
:-)tu as bien raison de prévoir une distance de sécurité.
Ils n'avaient pas tout mangé et m'ont cramé une casserole, mais dans l'ensemble tout s'est très bien passé.
C'est noté ! Mon bûcheron me dit que je vais déchanter quand je devrai peler des kilos et des kilos de châtaignes, mais on n'a rien sans rien ;)
Lysa :
C'est avec grand plaisir que je viendrai à ta rencontre dès que je le pourrai.
Des bises lyonnaises ensoleillées
Enregistrer un commentaire