"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

17.10.15

Opération Jeannot

Connaissant dame Bellzouzou depuis quelques années déjà, j'ai eu l'occasion de comprendre qu'elle n'a ni le goût de la religion, ni le goût du mystique, que les « signes du destin » la font bien rire de ses deux tétons et que selon elle nul n'est au dessus des hommes, que nul ne peut prétendre au divin.

Je respectais son agnosticisme (que celui qui réussit à le prononcer du premier coup me jette la première pierre) jusqu'au mois dernier. Car croyez-moi mes zamis, Bellzouzou a un bien un Dieu et il s'appelle Mads Mikkelsen !

Quelle idée j'ai eu de lui faire remarquer, quand elle était éplorée croyant l'avoir raté, qu'elle avait le temps d'organiser sa venue afin d'avoir une chance d'apercevoir son idole.

La machine Bellzouzou s'est mise en route. Une organisation sans faille, création d'une cellule de réservation, tout était parfaitement en place, j'avais l'impression d'assister à une campagne électorale américaine avec son QG de communication. La date de la mise en vente des tickets n'étant annoncée qu'à la dernière minute aux inscrits à la newsletter, il fallait donc êtres aux aguets.

Ayant été mise à contribution, puisque seul membre de l'équipe « opération Jeannot* » vivant sur le terrain des opérations à l'année, je me suis retrouvée un jeudi matin à 9h devant le second guichet officiel de vente des précieux sésames. On peut douter de l'existence de Mads si on veut, mais croyez-le si vous voulez, la mise en vente de ces tickets a eu lieu le seul jour où je pouvais à la dernière minute m'absenter de mon bureau, très précisément dans l'arrondissement qui est sous ma responsabilité et la seule fois depuis que je travaille où une réunion est organisée en fin de matinée à 100 mètres de là. Si on ajoute à cela que j'ai cru m'être trompée de lieu vu que j'étais la toute première à faire la queue devant lesdits guichets et même que je n'en croyais pas mes yeux quand j'ai vu débouler les autres dingues qui voulaient une place pour aller discuter avec Mads, le doute n'est plus permis. J'ai donc été la première personne de toute la France à obtenir les places pour le Paradis.
J'avais voulu assurer mes arrières en faisant jouer mes relations qui d'habitude peuvent tout obtenir, mais là rien du tout, nada, nothing et en plus le serveur internet a planté au bout de quelques minutes, les organisateurs n'avaient pas prévu un tel déchaînement de passions pour la venue du gars que personne ne connaît à part les lecteurs du blog de Bellzouzou, les fans d'Hannibal et les amateurs de cinéma d'auteur.

Mais le grand jour arriva enfin et dame Bellzouzou amincie, radieuse, plus belle que jamais, prête à aller à la rencontre de son destin descendit les marches de la gare telle une déesse. Comme à son habitude non seulement elle a absolument tenu à nous ramener la pluie (et de chouettes bouquins, ainsi que des macarons trop bons, alors je lui pardonne) mais en plus elle voulait faire la queue devant la salle de spectacle 2 heures avant le début de la rencontre. Je lui ai gentiment fait remarquer que j'avais suffisamment fait la queue pour cet homme là (ne cédons pas à la facilité...) et qu'il valait mieux que nous allions nous sustenter.

Nous avons donc ripaillé en ourdissant un sombre complot pour passer devant tout le monde afin d'être bien placées, mais des adoratrices de satan d'Hannibal (dites Fanibales) étaient arrivées depuis 7 h du matin avec leurs couronnes de fleurs et nous faillîmes nous retrouver reléguées au dernier rang jusqu'à ce que nous puissions, ô nouveau signe divin, accéder aux premières places du balcon pour admirer le poltron 2 heures durant.

Ne nourrissant pas du tout la même passion pour l'être suprême je dois pourtant reconnaître qu'il était extrêmement séduisant, drôle et patient. Mais croyez-moi mes zamis, le spectacle n'était pas sur la scène... Dame Bellzouzou ayant retrouvé les hormones de ses 15 ans s'agitait en remuant sa pancarte de groupie qui n'a pas eu l'effet escompté, le monsieur étant trop occupé à répondre pour l'énième fois aux mêmes questions sans originalité.

La fin de la rencontre étant arrivée la foule se fit pressante autour de lui et il était urgent d'agir pour que dame Bellzouzou puisse lui remettre la lettre qu'elle lui avait écrite, voire ô bonheur, prendre une photo avec le sémillant.

C'est à cet instant précis que mes instincts de stratège de file d'attente de cantine développés à l'époque du collège me revinrent. Tirant la belle vers son destin en la tenant par la main, nous traversâmes la foule jusqu'à arriver jusqu'à lui qui venait d'annoncer qu'il devait partir désormais, mais mon english blood ne fit qu'un tour et je m'écriai : « No, please, she loves you, just one photo ! » montrant sa promise. Lui sans doute surpris par mon ton dramatique accepta en souriant mais en disant fermement : « Ok but it 's the last one ! »
Elle avait donc raison Bellzouzou, elle était sa promise, elle serait sa dernière.

Je n'en ai pas cru mes oreilles quand la dame a remis sa lettre à l'acteur international oscarisé en lui ordonnant avec sa voix de maîtresse d'école : « Put my letter in your pocket and read it Mads !!!! ». Lui non plus n'a pas eu l'air d'en croire ses ører (ça n'avait pas dû lui arriver depuis l'époque où sa maman lui refilait pour l'école des mouchoirs et du hareng fumé). Il n'y croyait tellement pas Dieu sur terre qu'il lui a fait répéter et la dame ne s'est pas démontée elle lui a redit : « Yes Mads, put my letter in your pocket ! » d'un ton extrêmement autoritaire (des fois qu'il la perdrait en allant jouer dans la cour avec les copains, sait-on jamais). Mais il ne lui en a pas voulu à la grande folle, car elle a ajouté un « I love you » qui a tiré des sourires attendris à la foule agglutinée autour de nous. Pendant quelques minutes ils étaient seuls au monde ces deux-là.

Vous ne verrez pas la photographie sur laquelle on aperçoit Bellzouzou, serrée contre Mads Mikkelsen qui entoure ses épaules de son bras en posant sa main délicatement, et la dame qui lui jette un regard plein d'amour. Mais vous me croirez sur parole si je vous dis que la dame lévitait de bonheur jusqu'au lendemain matin et qu'il a fallu que je sois extrêmement persuasive pour l'empêcher de le suivre à la trace jusqu'à son hôtel. Quel soulagement quand elle a enfin pris son train (rapport au soleil qui est revenu 2 heures après) !

En résumé : c'était drôlement chouette !

*Véridique, je n'ai pas eu le temps de le dire à la fan number one avant l'arrivée du monstre sacré, mais j'ai entendu le personnel se passer ce nom de code qui m'a bien amusée, j'avais l'impression d'être dans coup de foudre à Nothing Hill (oui on a les références cinématographiques qu'on veut et toc!)

10 commentaires:

Anne a dit…

Y'a pas a tortiller tu es vraiment la meilleure meilleure amie!!!

bellzouzou a dit…

Elle est bien plus que ça encore.

Daphnénuphar a dit…

La bonne fée ? c'est ça ! t'es la bonne fée !
C'est trop bon de te relire...

Mistinguette a dit…

Ca alors !
Trop trop cool, vous aventures les filles ! hahaha !
Bon, et bien à présent, on sait sur qui on peut compter, quand une star passe à Lyon !
:o)

Bellzouzou a dit…

hum, pas sûre qu'elle puisse recommencer, ça l'a beaucoup éprouvée, cette histoire, je crois ;-)

myriam a dit…

Yaeh... la classe ! Je regrette teeeeeelllement de ne pas voir cette photo ! :(

dany a dit…

t'es classe La Zubiale!!! heureuse d'avoir de tes nouvelles. La bise...

Unknown a dit…

WAOUH !!! Trop merveilleux !!

Bellzouzou a dit…

et ma version de l'histoire chez moi...

Opio a dit…

du MIEL !!!!!