"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

29.3.25

Passer le témoin

Mon tendre et jeune époux est sans doute le plus grand hyperactif-non-diagnostiqué que la Terre ait porté ou plus simplement assurément "un fils d'agriculteurs". 

C'est bien simple, parfois l'observer s'agiter dans tous les sens pendant une heure suffit à m'épuiser, il ne sait pas se poser. Sa devise : "Si tu ne bouges plus, t'es foutu ! ". 

À force de temps et de patience j'ai réussi à lui faire comprendre que se reposer un peu ne s'apparente pas à de la fainéantise, mais répond à un besoin physiologique. 

Mes propres temps de repos s'obtiennent de haute lutte et s'apparentent à un sit-in devant faire l'objet à chaque fois de nouvelles revendications. Cependant, depuis peu il semble avoir intégré le fait que le dimanche après-midi, au moins, faut pas trop me faire chier. 

Cela dit, dans son esprit c'était entendable aussi longtemps qu'il pleuvait, mais avec le retour du soleil, il va me falloir expliquer pourquoi je n'ai pas envie d'aller gratter dans le jardin ou faire des balades/randonnées tous Le dimanches après-midi... J'en arrive à me réjouir des week-ends pluvieux, alors même que j'ai tant besoin de soleil. 

Tout ça pour dire que je suis désolée de ne pas avoir donné suite au projet de blogorencontre dans la capitale mi-mars, mais je n'ai pas trouvé le temps de m'en occuper et ces dernières semaines je suis E-PUI-SEE ! 

Et ça ne va pas s'arranger vu que je commence, en même temps que mes déjà nombreuses activités professionnelles et familiales, une nouvelle formation d'un an. 

Je passe volontiers le relais à qui voudra bien se charger de l'organisation d'une blogorencontre un week-end en mai, septembre ou octobre et y participerai avec joie. 

16.3.25

Famille recomposée

On ne m'avait pas prévenue au sujet du mariage, des enfants, du divorce, de la recomposition... bref ! On ne nous dit rien, on nous cache tout, aussi, à vous, mes damnes zé mes cieux, je vais dire deux de mes vérités :

1] Pour être heureux dans une seconde union, le secret c'est de ne pas avoir l'obligation de cohabiter. Certes c'est plus difficile à mettre en œuvre dans les grandes villes, où les prix des loyers restent exorbitants malgré un exode urbain post-covid, mais quand vous avez le choix de rejoindre vos pénates pour retrouver un peu de solitude, au besoin, les moments partagés n'en ont que plus de valeur. 

2] Les jours, semaines ou mois où plusieurs générations cohabitent, n'hésitez pas à proposer un planning.

Depuis toujours je m'épuisais à vouloir tout faire pour que les êtres que j'aime se sentent dans un cocon quand nous étions tous réunis et je ne voulais pas passer pour un tyran domestique. Or, depuis que j'ai proposé avec fermeté un planning hebdomadaire permettant un partage équitable des courses, du ménage, des lessives et de la préparation des repas, eh bien tout mon petit monde s'y est mis volontiers. Je peux me reposer en fin de journée et j'ai même le temps de lire un peu tous les jours.

Ça a réellement changé notre façon de vivre ensemble, qui me semble plus respectueuse des efforts de chacun. J'en connais qui prennent même plaisir à cuisiner, chercher de nouvelles recettes et ont décidé de commencer un potager. 

Le week-end nous faisons les courses ensemble mon bûcheron et moi, alors que je m'y refusais depuis des années, car je déteste la cohue dans les magasins et trouvais qu'il y avait des activités plus épanouissantes et sexy à partager en couple. Mais ça a permis à mon homme blanc cis hétéro d'intégrer cette obligation dans son emploi du temps, de réaliser à quel point c'est chiant, de prendre conscience de l'augmentation des prix, de la nécessité de changer de lieux pour varier les achats, d'apprendre à faire plaisir à chacun, bref, à faire famille ! 

Évidemment, je me demande pourquoi je n'ai pas mis cela en place plus tôt, alors que ça avait déjà très bien marché pendant le premier confinement.

La prochaine fois je vous parlerai de la place des ex dans la famille recomposée et des conflits de loyauté. Mais en attendant : "Ne faites rien que je ne ferais pas* !"

* ça vous laisse de la marge.

15.3.25

Le tube de pâte dentifrice

L'homme que j'aime est fils d'agriculteurs et a grandi sur des terres arides, où vraisemblablement ils ne mangeaient pas toujours à leur faim. J'en ai déduit que c'est peut-être la raison pour laquelle le partage et la générosité ne sont pas vraiment une seconde nature pour ce peuple là. Néanmoins, je n'ai pas à me plaindre, il a toujours eu pour moi de délicates attentions... tant que je n'essayais pas de lui prendre son morceau de son pain à table ou de poser ma tête trop longtemps sur son coussin ! 

J'ai découvert récemment que Monsieur n'aime pas du tout, mais alors pas du tout, partager son tube de dentifrice. Ce fut pour moi bien plus difficile à avaler, car je ne m'étais même jamais posé de question à ce sujet. Pour moi au sein d'une famille chacun a sa brosse à dents, bien sûr, mais le tube de dentifrice est pour tout le monde. Comme nous avons de vrais problèmes chez nous, ce fut l'objet de discussions, débats et même fâcheries entre mon amoureux et moi, qui ne supporte pas l'idée que son dentifrice et donc par ricochet sa bouche, soit en contact avec les poils de brosses destinées à d'autres dents que les siennes, il ne trouve pas ça hygiénique du tout et a tenu bon contre vents et marées. Il m'a expliqué que c'était ainsi avec son ex-femme et leurs enfants, chacun son tube !

Ce n'est donc qu'en achetant assez de tubes de dentifrices pour que chacun ait le sien et en jurant sur la bible, le coran, la torah et la mort intime, que plus personne ne toucherait à son tube de dentifrice privatif que notre foyer retrouva sa quiétude. Toutebelle, qui avait déjà mis un capuchon à sa brosse à dents depuis plusieurs mois, fut ravie d'adopter la pratique hygiénico-fluorique de son beau-père et a donc également son propre tube de dentifrice dans le compartiment privatif (j'ai acheté un pot familial à compartiments) de sa brosse à dents.

La paix ayant regagné notre foyer, nous attendions mon amoureux et moi le bon créneau pour nous livrer à un rite de réconciliation. Le samedi suivant, Petitout venait tout juste de partir rejoindre ses amis et Toutebelle n'était pas encore rentrée de sa sortie avec les siens, que je me précipitai ventre à terre prévenir le bel homme que nous avions un créneau de deux heures et que c'était ZE moment pour réconcilier grave. Alors que le bel homme déteste être bousculé, il a ce jour-là remporté la médaille d''or olympique de vitesse en déshabillage, douchage, séchage et installation dans le lit en mode "On". J'ai eu tout juste le temps de me doucher et me brosser les dents*, avant de le rejoindre dans le lit.

J'ai souri de longues heures ensuite, certes en repensant à cette chouette réconciliation, mais surtout en me réjouissant que cet homme là ne s'inquiète pas de tous les contacts pillo-bucaux...

*En utilisant son tube bien sûr.

14.2.25

Saint Valentin

Fête commerciale par excellence, bonheur des fleuristes et des chocolatiers, torture des célibataires et des seuls en couple, comment aimer cette journée ?

Point de mascarade sociale, j'en ai fait depuis longtemps une occasion supplémentaire de dire je t'aime et merci tout simplement à tous ceux qui me sont chers ou qui m'ont fait du bien. 

Aussi, chères vous toutes (et peut-être encore un peu de vous tous) qui me lisez depuis 20 ans ou moins, je tenais à vous dire combien je vous aime et combien ça m'a fait du bien de pouvoir lancer mes idées, mes chagrins, mes pensées, mes bonheurs, mes délires et mes rires ici, en ayant toujours au moins une personne pour les recevoir : MERCI !
Je le répète donc je vous aime et même je vous aime et souvent même je vous aime.

Je vous souhaite une belle journée et quelques personnes à remercier et auxquelles dire que vous les aimez.




Et un petit flashback de 40 ans...

10.1.25

La clé du bonheur

Une étude menée par des chercheurs de la London School of Economics a démontré qu'être bien entouré et être en bonne santé physique et mentale serait la clé du bonheur.

Certes, avoir assez d'argent pour vivre correctement en est le préambule, mais, au-delà d'un revenu de 15 000 € par an, les autres critères seraient bien plus déterminants pour être heureux.

Aussi, en 2025 je vous souhaite d'être "bien entourés", entendez par là, de côtoyer des personnes qui vous font et vous veulent du bien et de parvenir à prendre soin de votre santé physique et mentale.

Je vous embrasse, ça ne peut pas faire de mal.

23.12.24

Jingle Bells

Vous savez mieux que personne à quel point la période de Noël peut me rendre complètement folle.

L'an dernier nous avions loué un magnifique et grand gîte dans le Beaujolais, dans lequel nous avions réuni notre grande famille choisie. C'était chouette sur le principe, mais en réalité j'étais tendue comme un string, car je voulais tellement qu'ils profitent tranquillement du séjour que je faisais toutes les courses et préparais tous les repas sans jamais me reposer. Vous imaginez bien la logistique que ça demande pour dix personnes au quotidien, je gérais à la fois une chambre d'hôtes et un restaurant. Je m'étais bien juré de ne plus jamais recommencer et qu'à l'avenir, en cas de réunion familiale de plus de cinq personnes, tout le monde mettrait la main à la pâte...

...Seulement...

... Non pas que ma nature profonde m'incite à la plus grande tempérance en temps normal, assurément, mais lorsque je rentre dans mon Christmas Groove je vis fais de véritables voyages astraux qui me font dire, quand je m'observe depuis l'extérieur de mon corps physique et sans consommation préalable de substances illicites, que dès que je rentre dans la période de Noël je perds instantanément la mémoire et répète inexorablement les mêmes erreurs : C'EST N'IMPORTE QUOI !

Je me suis lâchée sur la déco, sur les cadeaux et sur la coiffure. J'ai l'air d'une Donna Summer sous crack avec un nez rouge : C'EST N'IMPORTE QUOI !

J'avais tellement à faire ce week-end pour assurer un gîte confortable à ma tribu de dix personnes et nourrir tout ce petit monde, que je n'ai pas encore eu le temps de faire les courses pour le réveillon et pour le déjeuner de Noël : C'EST N'IMPORTE QUOI !

Alors que j'avais prévu chocolat chaud, biscuits et films de Noël gentillets, tous blottis les uns contre les autres sur le canapé en chantant "We are the World" en choeur, en fait, nous vaquons chacun à nos occupations et ne nous retrouvons qu'au moment de préparer les repas. Heureusement, ça prend du temps et pour le repas on éteint la télé, la radio, les téléphones et on se parle. Hier soir, par exemple, nous avons parlé de cinéma, de littérature, de musique et même de politique : C'EST N'IMPORTE QUOI !

Je m'agite tellement dans tous les sens et dors si peu (Minnie a retrouvé la liberté, mais avec son rhume mon amoureux rejoue les trompettes de Jéricho toutes les nuits), que je suis épuisée, j'ai des cernes de panda et un mal de crâne qui ne me quitte pas : C'EST N'IMPORTE QUOI !

C'est réellement N'IMPORTE QUOI, mais je suis heureuse d'avoir mes essentiels auprès de moi, alors je vais lâcher un peu, déléguer beaucoup, faire la sieste et emmagasiner moult bons souvenirs.

Je vous souhaite un grand N'IMPORTE QUOI avec N'IMPORTE QUI pourvu que ça vous fasse plaisir.




12.12.24

La boucle temporelle* de Minnie

Je ne sais pas si je vieillis si bien que ça finalement, puisque maintenant non seulement je ne suis plus horrifiée quand je vois des souris chez moi, mais parfois même je les trouve mignonnes.

Nous faisons toujours le nécessaire pour nous en débarrasser, pour des raisons hygiéniques, mais il faut bien reconnaître qu'elles m'amusent. Je n'ai plus le cœur à les empoisonner et les retrouver mortes dans un coin du logement. Aussi, nous avons fait l'acquisition d'une cage dans laquelle elles se laissent prendre assez facilement et ensuite mon bûcheron les emmène dans la forêt pour les relâcher. Mais je les crois plus persévérantes que nous, puisqu'elles reviennent souvent. 

J'ai un jour suggéré que l'on mette une pointe de vernis rouge sur leur poil histoire de voir si c'était bien les récemment libérées qui, en bonnes ingrates, revenaient nous visiter, mais mon amoureux m'a regardé comme si j'étais une épouvantable tortionnaire. La première année, mon bûcheron en a capturé cinq dans la même journée, nous ne saurons jamais si ce fut cinq fois la même...

Ce matin, une jeune audacieuse ne s'est pas embarrassée de ma présence et a même eu l'outrecuidance de me faire remarquer 1] que nous ne faisons pas bien le ménage 2] que nous sommes bien des alcooliques ; puisqu'elle a entrepris de déplacer devant moi le gros bouchon en liège (issu d'une grande bouteille de bière), qui était resté planqué sous un meuble.

Je sens qu'avec celle-là je vais bien m'amuser, qu'elle soit alcoolique ou collectionneuse, elle me plaît déjà.

* Au départ j'avais écrit "le retour" de Minnie, mais j'aime bien les films où l'héroïne revit sans cesse la même journée** jusqu'à ce qu'elle ait réalisé ces actions qui étaient indispensables pour lui permettre de reprendre le cours de sa vie. 

** Si ça se trouve c'est la même souris qui revient chez nous parce qu'elle n'a pas accompli sa mission sur cette terre***.

*** Et si ça se trouve, sa mission c'est de construire une Tour Eiffel en bouchons de bière****.

****Et si ça se trouve, je devrais aller me recoucher...