"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

6.2.17

Des souvenirs bien au chaud

Ayant été sommée de quitter le domicile conjugal je n'avais pu emporter dans mon nouveau nid que les 3 albums photos de naissance de mes têtes multicolores, 8 chaises, 1 tapisserie, 1 tableau et 1 miroir.
De nos nombreuses années de vie commune je n'ai rien récupéré, même pas les présents que mes parents m'avaient fait. Aussi depuis 3 ans j'ai dû équiper notre nid de l'essentiel, puis du superflu.

Quand il a fait très froid en décembre dernier et que nous voulions tout de même faire visiter à nos courageux amis venus pour le réveillon notre magnifique ville, j'ai réalisé que je n'avais plus de thermos et qu'il pourrait être vital de leur proposer chocolat chaud et vin chaud au cours des balades.

Je suis donc allée avec Petitout et Toutebelle faire les courses en prévision du réveillon et quand je me suis saisie des bouteilles isothermes Petitout s'est écrié : "Trop bien, ça faisait trop longtemps !"

Surprise je lui ai demandé de s'expliquer, il m'a répondu : "ben oui, souviens-toi quand tu venais nous chercher à la sortie de l'école, l'hiver quand il faisait très froid tu nous apportais du bon lait au chocolat chaud dans une thermos et on était refaits ! Nos copains nous enviaient toujours notre chocolat chaud".

J'étais émue, car je ne m'en souvenais pas, mais eux si.

11 commentaires:

Eve a dit…

Les miens aussi, ils ont parfois de bons souvenirs que j'ai oubliés, et c'est émouvant de les écouter en parler.
Par contre, les trucs dont je pensais qu'ils allaient rester, au mieux ils ne s'en souviennent pas, au pire ils les détestent. ("Tu te souviens des balades du dimanche que tu nous forçais à faire? C'est un de mes pires souvenirs d'enfance!". Je ne les aimais pas non plus, ces balades. J'ai découvert plus tard qu'on ne partage bien que ce qu'on aime.

dany a dit…

C'est chouette les souvenirs que gardent les enfants.... des petits riens qui les enchantaient...
Des bises.

Anne a dit…

Quelle bonne idée! Mais c'est ce genre d'idée géniale, pleine d'attention, que tu es toi! Cela ne m'étonne pas que cela soit un bon souvenir pour tes enfants!

Névrosia a dit…

Eve :
Je pense aussi qu'on ne partage bien que ce qu'on aime.
Pourquoi n'aimais-tu pas les balades du dimanche ?

Dany :
Oui, je suis émue de ces petits riens qui leur faisaient plaisir. Des bises.

Anne :
Merci ma belle. Je dois reconnaître que l'idée de la thermos est un héritage.
Quand j'étais petite ma mère (infirmière) partait travailler tôt, alors nous devions faire notre toilette et prendre notre petit-déjeuner seuls. Tous les matins au réveil nous trouvions une grande bouteille de thermos contenant du lait chaud et les bols posés sur la table, ainsi que nos vêtements pour la journée pliés posés sur des chaises.
A l'époque ça me semblait normal, mais en grandissant j'ai su apprécier cette attention quotidienne.

Eve a dit…

Je ne les aimais pas pour plusieurs raisons:
D'abord parce que ce qui me poussait à les proposer, c'est une idée de "famille parfaite", due elle même à mon enfance dans une famille pas parfaite du tout.
Ensuite parce que quand je marche, je n'aime pas qu'on m'embête: je ne suis pas un GO qui montre les plantes, les traces d'animaux, qui chante des chansons...du coup ils s'ennuyaient et du coup...ils râlaient!
Je revenais donc de ces balades persuadée que mon éducation était un échec, que je n'étais pas assez patiente et que mes enfants détesteraient leur enfance, comme j'ai détesté la mienne. Heureusement que je n'ai pas insisté trop longtemps!

Eve a dit…

Et elle est jolie l'histoire de ta maman!

Névrosia a dit…

Merci pour maman et merci tout court. J'apprécie ta sincérité et ton honnêteté.

Dans la culture de mes parents il y a nombre de choses qui ne sont pas obligées pour être de bons parents : emmener ses enfants au musée, au théâtre, les balades dominicales etc. Aussi, quand j'ai eu des enfants, après des années d'observation des différents modèles parentaux, lecture de magazines de type "parents magazine" et un certain nombre de visionnage de l'émission "les maternelles", j'ai décidé de faire une éducation à ma sauce, qui n'exclut rien mais n'oblige à rien non plus en essayant de répondre à la curiosité naturelle des enfants et à leurs besoins (tout en me préservant un peu quand même, même si assez mal diraient mes amis). Bref ! Comme nombre de mamans, j'en faisais souvent trop de peur de mal faire mais maintenant que mes enfants ont grandi je ne culpabilise plus. Aujourd'hui je sais que comme tout le monde, j'ai fait : "de mon mieux".

Je ne lutte plus pour les emmener au musée, au cinéma ou leur demander de lire des romans, mais j'ai instauré une activité familiale mensuelle obligatoire, durant laquelle c'est moi qui choisirai ce que nous ferons sans qu'ils aient le droit de moufter. Je vous dirai si ça a marché, hein ! :-) Quels âges ont tes enfants aujourd'hui ?

Eve a dit…

Oui, répondre à leur curiosité en imposant pas grand chose, c'est ce que je fais maintenant.
Mais comme contrairement à toi, je n'avais pas de modèle parental, j'ai été perdue, longtemps. Chaque famille que je jugeais "idéale" me faisait vasciller, je n'avais aucune confiance en mon instinct.
C'est de les voir devenir les chouettes personnes équilibrées qu'ils sont aujourd'hui (ils ont 16, 14 et 12 ans) qui m'a rassurée.
J'impose un musée en vacances, et c'est moi qui choisis le film du samedi soir (en essayant quand même de ne pas trop tirer dans les coins!).
Pour la lecture, j'ai essayé longtemps avec mon fils aîné qui déteste ça, en variant les types de livres pour essayer de l'accrocher. C'est quand je me suis rendue compte avec horreur (j'exagère un peu, d'accord) que ça lui faisait passer un message du genre "tu n'es pas assez bien pour moi" que j'ai arrêté net.

Merci de cet échange, c'est chouette de partager.

Névrosia a dit…

Je suis d'accord avec toi. C'est quand on constate que nos enfants deviennent de chouettes personnes qu'on se dit qu'on n'a pas si mal fait :)

Merci à toi, oui c'est chouette d'échanger.

Sosso a dit…

"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante."

Et ce n'est pas du temps perdu en fait, la preuve il reste dans le coeur de tes enfants, surement bien plus que les objets laissés dans ton ancien chez toi ;-)

Névrosia a dit…

Sosso :
Oui c'est vrai. Tu te fais rare par ici, j'espère que tu vas bien ;)