"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

28.5.23

Les nouveaux voisins

Nous avons depuis quelques mois de nouveaux voisins, trentenaires je dirais, assez aimables et bien éduqués pour compenser le manque de savoir-vivre des autres.

Il est vrai qu'ils ne s'expriment pas dans un langage des plus châtiés et que leur descendance s'avère truculente et bruyante, mais comme, selon mon plus jeune enfant, je ne serais qu'une épouvantable vieille dame râleuse snobinarde, qui va finir seule avec des chats si je continue à pester contre le renouvellement de la population, je n'en prends pas ombrage et accepte d'échanger avec mon prochain.

Nous avons donc d'un côté le couple exhibitionniste-voyeur-sans-gêne et leur ménagerie, qui nous ont contraints à adopter le principe des frontières et à poser une clôture, afin de retrouver un tant soit peu de tranquillité et d'intimité et de l'autre côté, cette nouvelle famille, aimable même si souvent bruyante et truculente, tout aussi curieuse que la précédente.

Je ne sais ce qui peut susciter tant d'intérêt dans notre vie, somme toute assez calme et classique, mais j'ai remarqué que notre nouveau voisin, également, aime jeter un œil chez nous et écouter la teneur de nos échanges, les quelques fois que nous sommes dehors (depuis peu, la chaleur s'étant cruellement faite attendre).

Aussi, j'ai décidé de joindre l'utile à l'agréable, quitte à être l'objet de la curiosité de nos voisins, autant en profiter pour réviser les classiques. J'ai proposé à mon amoureux que nous n'échangions plus désormais qu'en alexandrins, mais ça ne l'a guère enthousiasmé, alors j'ai entrepris de m'adresser à lui en empruntant les mots des plus grands auteurs de théâtre qui se trouvent dans notre bibliothèque, ou sur ce site. C'est assez amusant de devoir rechercher une tirade appropriée à ce que je souhaite dire à mon bien-aimé et parfois, quand ça ne vient pas, je vais piocher dans une chanson. Ça l'a quelque fois laissé songeur, voire interdit, mais ma foi, qu'est-ce qu'on se fend la gueule !

Je vous laisse, c'est l'heure de l'apéro : 

"Le temps est loin de nos 20 ansDes coups de poings, des coups de sangMais qu'à cela n'tienne, c'est pas finiOn peut chanter quand le verre est bien rempli
Buvons encore une dernière foisÀ l'amitié, l'amour, la joieOn a fêté nos retrouvaillesÇa me fait de la peine, mais il faut que je m'en aille
Et souviens-toi de cet étéLa première fois qu'on s'est saouléTu m'as ramené à la maisonEn chantant, on marchait à reculons
Buvons encore une dernière foisÀ l'amitié, l'amour, la joieOn a fêté nos retrouvaillesÇa me fait de la peine, mais il faut que je m'en aille
Je suis parti changer d'étoileSur un navire, j'ai mis la voilePour n'être plus qu'un étrangerNe sachant plus très bien où il allait
Buvons encore (buvons encore)Une dernière fois (une dernière fois)À l'amitié, l'amour, la joieOn a fêté nos retrouvaillesÇa me fait de la peine, mais il faut que je m'en aille
J't'ai raconté mon mariageÀ la mairie d'un petit villageJe rigolais dans mon plastronQuand le maire essayait de prononcer mon nom
Buvons encore (buvons encore)Une dernière fois (une dernière fois)À l'amitié, l'amour, la joieOn a fêté nos retrouvaillesÇa me fait de la peine, mais il faut que je m'en aille
Je n'ai pas écrit toutes ces annéesEt toi aussi, t'es mariéT'as trois enfants à faire mangerMais j'en ai cinq, si ça peut te consoler
Buvons encore (buvons encore)Une dernière fois (une dernière fois)À l'amitié, l'amour, la joieOn a fêté nos retrouvaillesÇa me fait de la peine, mais il faut que je m'en aille
Buvons encore une dernière foisÀ l'amitié, l'amour, la joieOn a fêté nos retrouvaillesÇa me fait de la peine, mais il faut que je m'en aille (encore)
Buvons encore une dernière foisÀ l'amitié, l'amour, la joieOn a fêté nos retrouvaillesÇa me fait de la peine, mais il faut que je m'en ailleÇa me fait de la peine, mais il faut que je m'en aille.
 
Graeme Allwright"



2 commentaires:

dany a dit…

quand nous étions jeunes avec JM et que la réunion avec les copains s'enlisait, il me lançait : Baronne, vous baisez à ravir... et moi je répondais : je me démerde Baron, je me démerde ... et on éclatait de rire en voyant la tête des copains complètement réveillés !

Nevrosia a dit…

:-D j'adore ! Il n'y a pas si longtemps, lors d'une soirée avec ses collègues durant laquelle je 'ennuyais fermement et qui s' eternisait, alors que mon amoureux faisait mine de ne pas comprendre que je m'ennuyais, j'ai fini par lui dire haut et fort "Rentrons cher ami, je préfère perrir de vos coups de boutoir que d'ennui", 2 minutes après nous étions partis.