"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

10.10.16

Les étapes pour accéder au bonheur

 Étape 2 - NE PAS SE RACONTER D'HISTOIRES

Il était une fois une vieille princesse qui aurait pu rester enfermée dans une très haute tour jusqu'à la fin de ses jours.
Il n'y avait ni porte, ni escalier pour accéder au seul étage de cette tour, une fenêtre inaccessible laissait apparaître de temps en temps forme humaine.
Cette vieille princesse aurait pu finir couverte de toiles d'araignées mais le destin en avait décidé autrement et c'est son histoire que je vais vous conter.

Princesse Nubia était née dans une très lointaine contrée. Ses parents, des marchands, avaient parcouru des milliers de kilomètres pour venir vendre dans ce lointain royaume des étoffes aussi rares que précieuses.
Victimes d'une embuscade leur unique fille chérie fut enlevée par des brigands qui l'emmenèrent plus loin encore sur des terres froides et la vendirent à un riche châtelain friand d'exotisme et de jeunes filles à peine nubiles.
Le châtelain étant déjà marié, en apprenant sa dernière acquisition son épouse entra dans une formidable colère. Elle fit construire sur l'un de leurs domaines les plus éloignés au fin fond de la forêt la plus haute tour qui soit et fit hisser la jeune Nubia, loin de la convoitise de son infidèle époux. La châtelaine n'étant pas tout à fait cruelle avait renoncé à faire tout simplement tuer cette enfant et avait chargé un jeune berger de lui apporter chaque semaine de quoi se sustenter. Il faisait monter les aliments par la poulie que les maçons avaient pris soin d'installer.

Les années passèrent et l'existence même de la princesse Nubia fut oubliée de tous, sauf du jeune berger qui lui aussi avait bien grandi.

Curieux de voir ce qu'était devenue la princesse, il s'assura un jour de la solidité de la poulie et se hissa jusqu'à la princesse Nubia. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir une belle jeune fille à la beauté sombre et pure. Il tomba immédiatement amoureux de la princesse. Chaque semaine il se hissait en haut de la tour pour admirer sa beauté, mais jamais il ne voulut l'aider à descendre, jaloux il craignait qu'on ne la lui vole.

La princesse ayant oublié la sensation même de la liberté ne cherchait jamais à s'échapper, de plus elle avait le vertige et ne s'approchait jamais du rebord de l'unique fenêtre.
Le jeune berger était donc devenu le gardien amoureux de la princesse Nubia et pendant plusieurs mois il se délecta égoïstement des moments passés auprès d'elle. Un jour où il la quittait la corde céda sous son poids et il mourut.
La princesse Nubia était triste d'avoir perdu son seul compagnon et compris rapidement qu'elle risquait de mourir de faim dans cette tour puisque tout le monde avait oublié jusqu'à son existence.

Plusieurs jours plus tard alors que ses réserves commençaient à se tarir et qu'elle se résignait à mourir elle entendit le bruit d'un galop. Elle se mit à sa fenêtre pour crier de toutes ses forces (normalement elle aurait dû chanter un magnifique chant mélodieux pour appeler ses amis les oiseaux, mais elle était crevée et elle avait faim : la f(a)i(m)n justifie les moyens).
Un prince, montant un magnifique destrier l'entendit et s'arrêta en se demandant d'où venait ce cri si mélodieux. Il s'agissait du prince La Pince, qui n'avait jamais été marié et chevauchait toutes les contrées jusqu'à rencontrer une jeune et belle princesse à dépuceler, qui ne lui coûterait pas trop cher.

La princesse Nubia jeta par la fenêtre une lettre dans laquelle elle lui demandait son aide et le prince qui venait d'apercevoir la dépouille du berger, compris la situation. Il offrit au pauvre berger une digne sépulture et répara la corde.
Le prince La Pince se hissa jusqu'à la princesse Nubia et fut à son tour subjugué par l'éclatante beauté de sa peau sombre. Son cœur fut immédiatement envahi par l'amour, mais hélas également par une jalousie plus grande encore.
La princesse Nubia étant toujours jeune et naïve elle n'avait pas connu d'autre amour que celui du berger et avait perdu la goût de la liberté. Aussi quand le prince La Pince fit monter de jolis meubles dans sa tour, lui fit apporter les mets les plus fins et lui susurra de douces promesses, la princesse Nubia crut que c'était enfin l'amour. Elle s'attacha au prince La Pince plus encore qu'au berger.

Ils s'aimèrent pendant quelques années et naquirent 3 beaux enfants. Les enfants naturellement curieux et ayant besoin de bouger, le prince les descendait dans les vertes prairies pour qu'ils s’ébattent librement. Il faisait régulièrement monter des livres à sa captive afin qu'elle éduque leurs enfants mais déconseillait fermement à la princesse de s'aventurer au dehors, de peur que ce changement brusque d'altitude ne soit éprouvant pour ses nerfs.
Puisque le prince semblait prendre grand soin de leurs enfants et puisqu'il disait qu'il l'aimait elle pensait qu'il ne leur voulait que du bien. Au fil des années la princesse se mit à grossir, grossir, grossir. La manque d'exercice dans le haut de cette tour exiguë ne lui permettait pas de se maintenir en forme et le prince dans sa jalousie maladive était satisfait de la savoir moins séduisante, au cas où comme lui un autre prince viendrait à s'égarer dans les parages.

Les années passèrent, les jeunes princes et la jeune princesse grandirent. A chacun de leurs retours, ils contaient à leur mère la beauté des paysages lointains, l’enivrant plaisir de la nouveauté, la satisfaction de se baigner dans les rivières et se rouler dans l'herbe. La princesse Nubia sentit de nouveaux désirs s'éveiller en elle et le souvenir de ces plaisirs lointains la réveillèrent de sa longue torpeur. Alors un jour elle s'opposa au prince La Pince et réclama à descendre. Il essaya de la convaincre que ce n'était pas possible, mais voyant qu'elle s'obstinait il fit monter leurs trois enfants dans la tour et coupa la corde.

La princesse Nubia compris à cet instant que l'amour décrit dans les nombreux livres qu'elle avait lus n'avait rien à voir avec le comportement d'un prince qui séquestrait la mère de ses enfants et ses enfants en haut d'une tour. Dans sa colère le prince La Pince n'apporta même plus de nourriture à sa famille. Bien heureusement, les princes et la princesse avaient appris à dresser 3 jeunes dragons, qui étaient devenus leurs montures volantes respectives.
Ils partaient dans les vallées cueillir et chasser, ils rapportaient à leur mère de quoi se nourrir. La princesse Nubia avait appris durant ces longues années à tisser la plus fine et la plus belle des étoffes à la manière de ses ancêtres, étoffes que ses enfants allaient vendre sur les marchés. Le prince La Pince ne décolérait pas et mettait tout en œuvre pour les empêcher de vivre normalement, allant jusqu'à organiser des guet-apens pour faire brûler les étoffes avant qu'elles ne soient vendues sur les marchés.

Tant bien que mal la nouvelle vie de la princesse Nubia seule avec ses enfants s'organisait du haut de sa tour, jusqu'au jour où elle aperçut par sa fenêtre au loin un très grand dragon qui n'appartenait pas à ses enfants.

C'était un magnifique dragon aux reflets cuivrés qui volait en direction de sa tour. Il était dragonché par un homme souriant qui s'approcha jusqu'à sa fenêtre. L'inconnu, dont les magnifiques yeux verts brillaient de malice, lui demanda ce qu'elle faisait seule dans cette tour. Elle lui répondit qu'elle tissait de précieuses étoffes à vendre sur les marchés pour nourrir et éduquer ses enfants. Curieux et amusé il se hissa par la fenêtre et entra dans la tour.
Il lui dit qu'il venait de contrées lointaines et avait rencontré beaucoup de magnifiques princesses au teint diaphane, qu'il en avait même croisé une qui habitait également dans une tour (elle possédait une très très longue chevelure qu'elle jetait par la fenêtre pour permettre à sa marâtre de se hisser dans la tour...pffff n'importe quoi !), mais que jamais au grand jamais il n'avait croisé de princesse aussi sombre.

Il fit le tour de la princesse et lui demanda pourquoi elle était aussi grosse, elle lui répondit qu'elle ne sortait jamais de sa tour. Il lui demanda pourquoi elle ne sortait jamais de sa tour, elle lui répondit qu'elle avait peur. Il lui demanda de quoi elle avait peur, elle lui répondit : « que quelqu'un qui prétende encore m'aimer ou m'aider me fasse encore plus de mal qu'il ne m'en a déjà été fait. Je suis plus en sécurité dans ma tour, les hommes à l'extérieur semblent particulièrement cruels.».

L'inconnu s'assit dans le fauteuil et regarda attentivement la princesse Nubia. Il tendit sa main vers son bras et caressa sa peau. Il fut bouleversé par la douceur de sa peau, elle fut bouleversée par la douceur de sa caresse et à cet instant précis ils s'aimèrent.
Il lui dit qu'il ne pourrait l'aimer que libre et siffla son dragon. Il lui demanda de lui faire confiance et l'installa sur son dragon avant de monter derrière elle en la tenant fermement. Alors seulement quand elle se sentit en sécurité la princesse Nubia ouvrit les yeux, ils volaient.

Elle en pris plein les yeux, toutes ces couleurs, toute cette beauté, cet air enivrant, la vitesse, le corps chaud de l'inconnu pressé contre elle et la vie qui recommençait à circuler dans ses veines.

Le dragon se posa au milieu des champs et la princesse Nubia put à nouveau se rouler dans l'herbe, se baigner dans les rivières.
Doucement, patiemment, l'inconnu lui redonna le goût de la liberté, l'encouragea dans ses entreprises, l'emmena faire de longues balades dans la nature, la vit perdre ses kilos de tristesse, l'aima sans jamais chercher à la dominer ou la contrôler, il lui offrit un amour inconditionnel et lui appris la confiance.
La princesse Nubia compris rapidement qu'elle avait enfin rencontré le véritable amour.

Ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants.




11 commentaires:

Zozostéo a dit…

Imagine s'il fallait refaire 3 enfants...
Ce ne serait pas dégoulinante de guimauve que tu serais, mais de lait maternel bien collant! ;-)
Alors savoure, cette guimauve là est bonne pour ta santé!

Anonyme a dit…

C'est bon de te lire...
Lysa

Bellzouzou a dit…

Une bien belle histoire!
(on ne peut pas commenter le billet plus haut (pour se foutre une fois encore de ta midinetterie), c'est normaal?)

Anonyme a dit…

Une princesse qui s'expose à la Kardashian, c'est pas très clâsse.

Névrosia a dit…

Zozostéo :
:-)mon namoureux a aussi de grands enfants et nous sommes comblés, nul besoin de fesses à talquer, nous préférons profiter de cette nouvelle étape merveilleuse de la redécouverte du couple. Merci beaucoup, je vais savourer à donf !

Lysa et Bellzouzou :
Merci mes merveilleuses, je suis particulièrement heureuse de pouvoir partager avec vous mon bonheur.

Courageux anonyme :
Je ne vous ai ni invité, ni forcé, à me lire : ADIEU !

myriam a dit…

Ooooh, je suis ravie, ravie, ravie pour toi !!! Quelle belle histoire... je la souhaite longue et dégoulinante (de guimauve) !

Névrosia a dit…

Myriam :
Merci beaucoup très chère Myriam. Tes mots d'encouragement m'ont fait le plus grand bien dans les moments difficiles, alors je suis très heureuse de pouvoir partager avec toi aussi ces moments heureux.

dany a dit…

il s'en passe des choses quand je suis en voyage..... Très heureuse pour la Princesse! Je me demande si je ne vais pas chercher un autre amour pour perdre du poids!!!

Névrosia a dit…

Dany :
:-) As-tu bien profité de ton voyage ? Je te maile dès que possible. Merci pour la Princesse !
La princesse avait commencé à se délester des (très nombreux) kilos de tristesse avant de rencontrer l'inconnu, toi tu es parfaite, ne change rien.

dany a dit…

Toi t'es une vraie copine!!!!!

Mamanlit a dit…

haaaaaaaaaaan, comment c'est trop trop trop joli ton histoire...j'en ai la chair de poule !