"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

28.2.16

Un bon opticien à proximité de Lyon

Au delà des questions existentielles du genre : "pourquoi la vie, pourquoi la mort, pourquoi le jour, pourquoi la nuit" il y a bien plus dur que de réaliser que son bébé est devenu un homme, c'est réaliser que l'on va désormais devoir veiller sur ses parents.

Je n'avais pas vu mes parents pendant quelques mois et j'ai été assez choquée de constater que la vieillesse les a rattrapés. Eux qui ont toujours été forts et combatifs s'avèrent désormais plus fragiles.
Ils sont de bons parents et bons grands-parents, pourtant la vie n'a pas été des plus douces avec eux, ils ont rejoint la cohorte des retraités aux revenus trop modestes pour se permettre des folies, voire même souvent l'essentiel.

Mon papa est naturellement élégant, il a conservé de ses années de sportif professionnel une allure et une discipline que bien des jeunes lui envient. Il porte le costume comme personne et reste très digne en toutes circonstances. Comme il a toujours vécu, il se débrouille seul, sans jamais rien demander. Mais comme il est trop généreux et ne supporte pas de voir quelqu'un avoir plus faim que lui, le peu qu'il a il le partage. Ces 15 dernières années il lui est arrivé de disparaître de longs mois pour traverser ses déserts, il ne voulait pas nous "gêner" dans nos organisations familiales, mais je voyais bien que plus le temps passait, plus il négligeait sa santé.

Je ne l'ai pas cru il y a 3 ans quand il m'a dit qu'il avait fait faire ses lunettes mais qu'il les avait perdues, ça a sa fierté un papa. Alors j'ai profité de sa venue pour l'anniversaire de Toutgrand pour l'emmener chez l'ophtalmo, puis je l'ai accompagné chez l'opticien.

J'ai envisagé d'aller dans cette boutique, pour ses prix raisonnables, mais mon papa vivant dans une autre ville je voulais qu'il puisse bénéficier d'un service après vente de proximité et puis dans les grandes enseignes d'opticiens si on a une carte vitale et une mutuelle on peut bénéficier d'une demande de prise en charge et ne pas avoir d'argent à avancer. Ça tombait bien, mon papa a enfin pu souscrire une mutuelle il y a 2 mois.

J'étais très heureuse de tomber sur un opticien professionnel* et très humain qui avec une grande finesse d'esprit a compris la situation en quelques secondes et a tout pris en main pendant que je me contentais de les observer. Il l'a respectueusement et consciencieusement aidé à choisir parmi de très belles montures les mieux adaptées à son visage, à l'usage qu'il en fera, il a très aimablement proposé de constituer le dossier, pris toutes les mesures et fait livrer ses lunettes dans la boutique de l'enseigne la plus proche de chez mon père.

En sortant mon papa se tenait un peu plus droit et je redevenais sa fille.

Merci Gaël.


4 commentaires:

Myriam a dit…

Très touchant... et un peu triste aussi pour tous ces papas qui n'ont pas une fille comme toi, et pour toutes ces personnes qui ne peuvent pas se permettre l'essentiel.

Névrosia a dit…

C'est un triste constat, d'autant plus révoltant que mon papa a toujours travaillé très dur (comme bien d'autres retraités de sa génération je présume) pour au final ressentir bien peu de quiétude à l'heure de la retraite.
Je commence à réfléchir à toutes les questions relatives à l'accompagnement des parents dans leur dernier tiers, comment trouver la juste distance entre présence aimante, bienveillante et maintien de l'autonomie et de la dignité. Vaste sujet.
Cela dit, encore une fois, il ne demande rien et sa plus grande fierté réside dans la réussite de ses enfants, ses petits enfants et notre capacité à profiter de la vie, nous faire plaisir, "cultiver le bonheur" comme il dit.

Bellzouzou a dit…

J'ai une envie folle de vous embrasser, ton papa, ta maman et toi, là maintenant tout de suite.

Névrosia a dit…

Merci. Ça tombe bien, les bisous on adore ça, surtout les tiens.